Sous commandement français, les forces de l’OTAN participent
à un exercice en Mer du Nord du 12 au 22 avril 2010. L’enjeu de cette période
est la certification aux standards OTAN des capacités de commandement maritime
de la France. En effet, la France prendra au 1er juillet 2010, pour la première
fois depuis son retour dans le commandement militaire intégré de l’OTAN, le
commandement de la composante maritime de la force de réaction rapide de
l’alliance (NRF15).
Pendant « Brilliant Mariner », le nom de l’exercice, le
contre-amiral Jean-Louis Kérignard, commandant la Force aéromaritime de réaction
rapide française (COMFRMARFOR), dirigera ce dispositif avec son état-major
embarqué sur le bâtiment de projection et de commandement
Mistral . Autour du Danemark, le déploiement de « Task group »
multinationaux est le prélude à la prise de commandement française. Cette
certification s’avère indispensable pour les 6 mois de permanence française,
avant la prise d’alerte par la France le 1er juillet prochain.
Suivez les marins de Brilliant Mariner : pour l’occasion, le
site de la Marine nationale est une fenêtre ouverte sur l’exercice. Interview,
vidéo, reportage, depuis le quartier général du Mistral
J’ai vécu cette période comme un moment fort dans ma
carrière. En 2004, j’ai porté avec d’autres le projet FRMARFOR pour la Marine
française dans le cadre de la création d’une force de réaction rapide pour
l’Alliance. Une structure existait déjà, la « division conduite des forces » au
sein de l’Etat-Major d’ALFAN, qui a notamment été déployée en Adriatique pendant
la crise ex-yougoslave. Le projet a consisté à créer un état-major déployable,
répondant aux standards de l’OTAN. De 40 nous sommes ainsi passés rapidement à
plus de 100 officiers et officiers-mariniers dont une dizaine provenant des
nations membres de l’OTAN. Cet état major été labelisé OTAN, lors d’un grand
exercice multinational pendant lequel notre aptitude à planifier et conduire des
opérations aéromaritimes à été évaluée . Depuis FRMARFOR a été engagée plusieurs
fois en opérations comme Baliste au Liban à l’été 2006 mais aussi en exercices.
« Brilliant Mariner » et la prise d’alerte de la NRF 15
sont-ils un commencement ou un aboutissement ?
C’est une poursuite. Ce n’est pas la première fois, en effet,
que la France mène un exercice de cette ampleur dans le cadre de l’OTAN. Il y a
un peu plus de deux ans lors de l’exercice « Noble Midas » en Adriatique, la
France a déjà occupé la fonction de commandant de la composante aéromaritime. De
même, à l’automne dernier FRMARFOR était engagée en Méditerranée pour décrocher
la certification comme chef de la composante amphibie de la force de réaction
rapide de l’OTAN. Aujourd’hui, notre but est d’être certifié chef de la
composante maritime puisque tous les semestres cette fonction est assurée
successivement par un des cinq MARFOR de l’OTAN.
Pouvez-vous nous expliquer l’objectif de Brillant Mariner
et ses enjeux pour votre état-major ?
L’exercice Brilliant Mariner a pour objectif de réunir les
forces inscrites par leur pays pour prendre l’alerte NRF 15 le 1er juillet 2010,
de les entraîner à travailler à l’unisson et surtout de certifier ses capacités
opérationnelles. Cette certification passe par la conformité à un certain nombre
de pré-requis couvrant un large spectre de domaines : les opérations, la
préparation des unités et du personnel, la prise en compte et le respect des
procédures, l’interopérabilité ainsi que la logistique. Elle nécessite donc des
qualités fondamentales, de la rigueur dans l’organisation d’une part, mais
également une capacité d’adaptation et de la flexibilité. Ces qualités sont
incontournables pour parvenir à faire travailler ensemble 11 nations différentes
et les 33 bateaux, 4 sous-marins et quarantaine d’aéronefs mobilisés pour cet
exercice. Le scenario de Brilliant Mariner a pour but d’entraîner ses
participants dans un cadre de crise fictif mais néanmoins extrêmement réaliste.
Pour l’état-major embarqué, Brilliant Mariner permet aux
évaluateurs de l’OTAN de vérifier son aptitude à planifier et conduire les
activités aéromaritimes d’une telle force à la mer. Pour ce faire, une équipe
d’une quinzaine d’évaluateurs de l’OTAN est présente à bord du
Mistral pour vérifier chacun des 150 critères différents de la
certification.
Vous avez évoqué des « particularités » pour Brilliant
Mariner…
En premier lieu, je citerais l’environnement. Nous naviguons
en mer du Nord, à l’ouvert de la Baltique où Les conditions météoroligiques
différent de celles d’Europe du Sud. De plus, le trafic maritime dans la zone où
nous opérons, à l’ouvert de la Baltique , est très important. Les fonds sont
également très variables, ce qui explique les nombreuses zones de pêches mais
aussi les champs d’éoliennes en mer. Mais d’autres éléments sont à prendre en
compte. Pour la première fois nous avons couplé l’exercice maritime de l’OTAN à
son homologue de l’armée de l’Air : Brilliant Ardent. Les avions du
groupe aérien embarqué sont ainsi « taskés » chaque jour sur l’Allemagne où
se déroule cet exercice.
Pour le FRMARFOR, on peut donc parler de « nouveautés » ?
Comme vous le savez, la doctrine d’emploi des moyens aériens
et maritimes dans les domaines de lutte évolue en permanence. Les moyens
changent, la technologie nous offre des perspectives nouvelles et les nations
participantes sont chaque fois différentes. Pour ne prendre qu’un exemple nous
opérons pour la première fois avec les nouvelles corvettes suédoises classe
Visby, invitées au titre du « Partenariat pour la Paix ». Quant au scénario
lui-même, opérer au large du Skagerrak, avec une cellule embarquée de contrôle
de la navigation commerciale en liaison permanente avec le centre de Northwood
est pour FRMARFOR une première.
Quelle est la plus-value française pour « Brilliant
Mariner » ?
Notre plus-value vient principalement du porte-avions
Charles de Gaulle avec ses chasseurs embarqués ayant une
capacité d’action en profondeur. C’est également la première fois que deux états
majors fournis par la France sont déployés dans une activité de cette ampleur.
Plus de 200 personnes forment ainsi les états majors embarqués sur le Mistral
et le Charles-de-Gaulle.
Comment est choisie la nation qui prend le commandement de
la composante maritime (MCC) de la NRF ?
Dans le cadre de la 15e rotation de la NRF la France s’est
portée volontaire pour assumer le commandement de la composante maritime pendant
6 mois. Nous tournons entre cinq états majors labelisés aux standards de l’OTAN.
Pas moins de 10 unités françaises participent à l’exercice de certification
Brilliant Mariner dont le Mistral, le Charles de Gaulle et de son
groupe aérien embarqué mais aussi la nouvelle frégate de défense aérienne
Forbin le sans oublier la composante sous-marine et de guerre des
mines. C’est dire toute la volonté exprimée par la France après son retour il y
a peine un an dans les structures militaires de l’OTAN.