Evacuation de ressortissants du Liban en 2006, mission en Birmanie en 2008, recherches en mer après le crash du vol AF 447 Rio Paris en juin 2009... Depuis sa mise en service en 2006, le Mistral est surtout intervenu à l'occasion de missions humanitaires ou de catastrophes. Capable de transporter des hélicoptères, des véhicules blindés, des conteneurs d'équipements ou de vivres, bien sûr des troupes ou des civils, tout en hébergeant un commandement militaire au grand complet, il est la pièce maîtres se du dispositif naval tel qu'il a été défini par le Livre blanc sur la défense en 2008.

Polyvalence

L'intérêt que porte au Mistral la Russie, qui souhaite en acquérir quatre exemplaires, suscite la polémique : faut-il vendre à Moscou un bâtiment de projection et de commandement (BPC) aussi rapide et polyvalent ? La question se pose, alors que du 12 au 22 avril, ce navire est au cœur des exercices "Brilliant Mariner" que mène l'Otan au large du Danemark. Une opération d'envergure, qui fait intervenir 36 bâtiments de surface, 20 avions de chasse Rafale et Super-Etendard, des hélicoptères, des sous-marins, 6 500 participants appartenant à douze nations.
En fournissant la quasi-totalité des aéronefs et près du tiers des navires, Paris s'est montré très généreux, car ces exercices préparent sa prise de commandement de la composante aéromaritime de la force de réaction de l'Otan, le 1er juillet. « C'est la première fois que la France alloue autant de moyens à un exercice de ce type », indique le contre-amiral Jean-Louis Kérignard. Commandant de la force aéromaritime française de réaction rapide, c'est lui qui dirige ces exercices depuis le Mistral, tandis que son adjoint, le commodore danois Christian Rune, opère à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Au programme, dix jours de jeux guerriers autour de scénarios conçus par l'Otan pour tester le degré de préparation des Alliés en cas de crise, dont l'état-major embarqué sur le Mistral est le centre nerveux. Dans ce bâtiment imposant doté de six ponts, les locaux réservés à l'état-major et les communications dont il dispose sont les mêmes que ceux dont il pourrait bénéficier à terre. Ils sont reconfigurés en fonction des besoins de chaque mission.

Equipage restreint

Lors de la journée de présentation organisée le 23 mars, à quelques jours de l'appareillage du Mistral pour la mer du Nord, 150 postes informatiques aux standards de l'Otan étaient installés en batterie dans les salles depuis lesquelles les mouvements des forces participant à "Brilliant Mariner" allaient être orchestrés. La France, comme l'Otan, privilégie l'embarquement des états-majors, ainsi placés au cœur des opérations. L'objectif est de permettre une meilleure compréhension des situations, et d'éviter des erreurs d'interprétation.
Sur le Mistral, l'équipage qui opère est à peine plus nombreux que l'état-major embarqué pour les exercices de l'Otan. « C'est un bateau tout électrique, doté d'un moteur diesel, sur lequel un gros effort de réduction de personnel a été fait », explique le commandant Didier Piaton. Comme les frégates Fremm que la marine réceptionnera dans deux ans, dont l'équipage se limitera à 1 10 marins, tout ce qui pouvait être automatisé l'a été : exemple, le chargement de la nourriture pour la durée d'une campagne, qui ne mobilise pas plus de trois personnes. Reste à la charge du personnel l'entretien et la maintenance, qui ne peuvent être automatisés. « Pour nous, c'est une révolution, confie un gradé. Cela va nous contraindre à réfléchir à l'organisation traditionnelle de la vie à bord, basée sur la prise de quart. »

Confort supplémentaire
Les marins du Mistral sont fiers de montrer les cabines qu'ils se partagent à six, et dont les portes s'alignent le long d'interminables couloirs : chacune est équipée d'un bloc douche, révolution d'un autre genre sur laquelle s'extasient les anciens, habitués aux sanitaires collectifs. Un élément de confort supplémentaire sur ce navire qui compte une salle de sport, ce dont se réjouit ce marin qui a navigué sur le Foch, aujourd'hui propriété du Brésil : « Je vais m'y défouler tous les jours à 17 heures. » Un défaut du Mistral ? Ses marins n'en voient qu'un : du haut de ses 32 mètres, « c'est un bâtiment qui bouge beaucoup quand la mer est agitée ». Souvent le cas en mer du Nord...
 

CHER VAISSEAU

Prix
400 millions d'euros l'unité.

Dimensions
199 mètres de long, 32 mètres de haut, 21 500 tonnes.

Vitesse
Jusqu'à 19 nœuds pour ce navire tout électrique.

Equipage
187 membres.

En service
Deux navires, le Mistral (2006) et le Tonnerre (2007).

En chantier
Le Dixmude, en construction à Saint-Nazaire, sera terminé dans huit mois.
 

Anne-Marie Rocco / Source Web

 

15 mai 2010

Article Cols Bleus / Brilliant mariner

     

Remerciements Dominique Duriez