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Journal de bord / Partie 2

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Partie 1  -  Partie 2  -  Partie 3  -  Partie 4

 

 

Mercredi 27 février 2008

Cette journée marque une étape décisive dans le déploiement puisque nous avons pour la première fois débarqué des soldats français et leur matériel sur le sol saoudien à l’occasion d’un exercice.

C’est le résultat d’un long travail de coopération avec les militaires d’Arabie Saoudite, d’une préparation minutieuse et d’une relation de confiance patiemment tissée avec des marins dont beaucoup ont été formés en France. Parallèlement, nos soldats ont devant eux une occasion d’entraînement très intéressante, dans des conditions bien différentes de celles qu’ils peuvent trouver chez nous. Pour en convaincre les plus sceptiques, l’eau était aujourd’hui d’un bleu turquoise exceptionnel et les chalands zigzaguaient entre les « patates » de corail vers une plage toute blanche vue du Mistral. Pour rehausser les couleurs du tableau, le vent soutenu qui agitait le plan d’eau et faisait soulever des gerbes d’écume à l’étrave des CTM, avait débarrassé le ciel de la brume de sable des derniers jours. La lumière était magnifique.
Ce matin, un incident cocasse s’est produit lors du départ de la première vague, celle des forces spéciales franco-saoudiennes combinant le savoir-faire des commandos marine et de leurs homologues arabes. Ils embarquaient par la porte arrière du radier, avec leur barda, dans les zodiacs ballotés par le clapot. Un saoudiens a alors fait un pas de trop et s’est immédiatement enfoncé dans l’eau. Heureusement, le premier-maître le Breselech, notre Jason, c’est à dire le chef de la section navale de plage qui « ouvre » le point de débarquement, a plongé et aidé le malheureux à remonter à bord ; une entrée éclatante dans le bain de la coopération militaire franco-saoudienne !
Les vagues de batellerie se sont ensuite succédées pour vider le BPC et constituer la tête de pont, tandis que les frégates restées plus au large protégeaient notre opération. En milieu de matinée, nous avons reçu à bord l’ambassadeur de France et de hautes autorités militaires saoudiennes pour une présentation et une visite rapide du BPC. Ce soir, le Mistral semble bien vide et fort calme. L’attente commence. Nous sommes suspendus aux comptes-rendus des troupes débarquées, pour suivre leur progression mais aussi anticiper leurs demandes d’appui et de soutien. Les hélicoptères sont particulièrement sollicités pour renseigner ou réduire des obstacles.
Mais rassurez-vous, attente ne rime pas avec inactivité. Grâce au commandant en second, l’équipage ne s’est pas « embourgeoisé » puisque l’exercice sécurité inopiné de cet après-midi l’a rappelé aux dures réalités d’un entraînement toujours nécessaire.
Parallèlement, les mécaniciens étaient aux prises avec une tuyauterie fuyarde qu’il leur faut réparer pour conserver la pleine disponibilité opérationnelle du bâtiment.

Signé :  Gilles Humeau

 

Jeudi 28 février 2008

Grande nouveauté à bord puisque les informaticiens qui n’ont pas chômé depuis quelques semaines ont inauguré quatre nouveaux postes d’accès à Internet dans la salle de distraction équipage. Chacun peut ainsi accéder à son courrier électronique et s’informer plus largement. Encore une première !

Dans le même temps, la passerelle et la machine travaillaient de concert pour augmenter notre connaissance du bâtiment en étudiant les consommations de gazole à bas régime. Outre la recherche d’un intérêt opérationnel pour espacer les ravitaillements et durer à la mer, les marins sont aussi impliqués dans les économies de carburant pour limiter le coût de fonctionnement du bâtiment. Il faut savoir que notre consommation varie du simple au quadruple en fonction de la vitesse de progression, de la température de l’eau de mer et de la nécessité ou non de climatiser l’intérieur du bord.
Cet après-midi, le rembarquement des troupes a commencé de bonne heure pour ne pas risquer d’arriver en retard à Djeddah demain. Et comme la loi de Murphy s’applique aussi aux terriens, des trésors d’astuce ont été trouvés pour aider les véhicules pris au piège dans un sol trop meuble. Encore un intérêt des exercices en terrains inhabituels qui rehaussent la préparation au combat de nos troupes.
Naturellement, les délais induits ont du être rattrapés par la coopération et l’adresse des patrons de CTM prompts à manœuvrer, malgré la houle et le vent qui tentaient de nous précipiter contre la barrière de corail. Le Mistral a ainsi du tourner dans une mer formée pour se repositionner. La masse d’eau contenue dans le radier s’est bien souvent agitée au point de former des lames de plus de trois mètres de haut à l’intérieur du bâtiment. Ce soir, les états-majors tirent les premières conclusions d’un exercice très intéressant, mais surtout prometteur.

Signé :  Gilles Humeau

 

Vendredi 29 février 2008

Après une nuit plus calme consacrée à un exercice de protection d’unité précieuse par nos quatre frégates d’escorte, nous avons quitté nos compagnons saoudiens ce matin pour gagner le port islamique de Jeddah, gigantesque et très moderne.

Ce nom curieux n’a rien à voir avec le caractère religieux de l’activité portuaire, mais rappelle simplement que nous sommes tout proches de la Mecque et que bon nombre de pèlerins y débarquent chaque année pour le Hadj, le cinquième pilier de l’Islam.
Peu après notre accostage, les femmes embarquées ont été rassemblées pour percevoir une abaya, espèce de blouse longue, noire, qui est de mise pour les femmes à l’extérieur et dans les lieux publics. Le pays est en effet régi par la Charia et les lois islamiques très conservatrices contrastent avec une modernité parfois extravagante. La ville est réputée pour son commerce florissant. Elle s’étend sur le désert à perte de vue et se construit encore. Pourtant, tout comme en Jordanie, l’eau courante est inexistante et le système d’égouts n’est pas développé.
Dans l’après-midi, nous avons accueilli à bord monsieur Alain Moureau, ancien ambassadeur de France en Arabie Saoudite et au Yemen, qui embarque avec nous jusqu’à Djibouti. Il vient étudier avec une équipe de diplomates les spécificités de notre mission de marins d’Etat aux prises avec les grands problèmes actuels. Ainsi aborderont-ils avec l’état-major embarqué la question des trafics en tous genres que nous voyons souvent se dérouler sous nos yeux, celle de la piraterie en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, de l’immigration clandestine, sans oublier le rôle diplomatique permanent des bâtiments de guerre.

Signé :  Gilles Humeau

 

Escale à Djeddah

 

Lundi 3 mars 2008

Drôle de journée de service du dimanche ! Le programme prévoyait en effet une pause dans le rythme d’activité du bâtiment pour reposer les esprits et les corps.

Mais dans la matinée, l’alerte aux trafiquants était donnée par l’hélicoptère Lynx du Dupleix qui venait de détecter deux boutres suspects traversant la mer Rouge entre le Yemen et l’Erythrée. Il fut donc décidé de poser la machine à bord pour récupérer ses photos et statuer sur l’éventuelle suite à donner. Naturellement, les diplomates embarqués hier étaient aussi étonnés que perplexes de se trouver aussi vite confrontés à une situation potentiellement intéressante. Et une demi-heure plus tard, après avoir constaté que nos boutres n’étaient pas si intéressants que cela, notre hélicoptère à l’œil perçant reportait encore deux « Go fast » pleins de personnes, mais à une vitesse telle en direction du Yemen que nous ne pouvions les intercepter pour en savoir davantage.
L’après-midi fut plus calme. Chacun a pu se reposer, les plus intrépides ont osé défier le PM Pouget ou le commandant en second au badminton tandis que le concours de tir à la corde a rassemblé de très nombreuses équipes interarmées.
Nous approchons ce soir des îles Hannish, le vent s’est considérablement renforcé au point que le barbecue prévu ce soir sur le pont a du être remanié… la cuisson s’est finalement déroulée en cuisine mais tout le monde s’est retrouvé en début de nuit sur le pont pour savourer la douceur de la température autour d’un repas fort sympathique.

Signé :  Gilles Humeau

 

Mardi 4 mars 2008

Ce matin, le lever de soleil coïncidait avec le passage du détroit de Bab el Mandeb qui ferme la mer Rouge.

Au milieu du passage le plus resserré, l’îlot yéménite Perim, autrefois français se détache de la côte escarpée. A l’ouest, l’archipel des Sept Frères veille comme une sentinelle djiboutiennes sur le trafic maritime qui vient de Suez vers l’Océan Indien ou quitte le golfe d’Aden vers le Nord. Vu d’en haut, les récifs coraliens qui bordent les îles sont splendides.
L’arrivée dans le golfe de Tadjoura marque le début de l’exercice Goubeth 08 avec les forces françaises basées à Djibouti. Ainsi avons-nous recueilli à bord une équipe de commandos marine parachutés avec armes et matériel par un Transal de l’armée de l’air et enradié un CTM supplémentaire juste après que l’EDIC Dague nous a livré une centaine de légionnaires pour la nuit. Ce soir, après les briefings et la passation des dernières consignes, le Mistral a déposé ses commandos à une vingtaine de kilomètres de leur point d’infiltration et s’est ensuite éloigné dans le silence d’une nuit d’encre. Le reste des troupes se repose à présent, mais la journée de demain sera longue : le premier CTM posera sa porte sur la plage à 06h45, trente minutes après la dépose des premiers éléments par hélicoptères.

Signé :  Gilles Humeau

 

Mercredi 5 mars 2008

J1 de l’opération GOUBETH 08. Dans la matinée (lire de 06h30 à 10h), les vagues de CTM se sont succédées entre le Mistral et la plage d’Arta, régulièrement entrecoupées par une rotation de la Dague, bâtiment plus important capable de transporter chaque fois une force très significative.

Arrivés à terre, les soldats commencent par sécuriser le point de débarquement en postant aux points stratégiques un véhicule, puis une pièce d’artillerie et enfin un groupe de combat capable de repousser une attaque ennemie. Ce dispositif s’étend sur plusieurs kilomètres. Lorsque tout le matériel est mis à terre, la progression commence.
Nos légionnaires ont ainsi gagné la ligne de crête voisine qui ouvre le chemin de l’aéroport à sécuriser cinquante kilomètres plus loin.
A bord, il faut maintenant nous tenir prêts à soutenir le groupe tactique débarqué car il est encore fragile. Nous nous tenons donc à proximité de la plage, mais aussi loin que possible de la côte pour être plus discrets. Il nous faut être en mesure de récupérer tout ou partie des forces projetées s’ils n’arrivent pas à établir une tête de pont. Nos moyens de renfort reposent essentiellement sur le groupe aérien d’hélicoptères qui assure des vols de reconnaissance réguliers, mais aussi des missions d’appui feu pour réduire une menace apparue sur le trajet de progression des troupes amies. Les hélicoptères Puma sont quant à eux employés pour acheminer des groupes spécialisés à un endroit précis, pour récupérer des commandos et les infiltrer plus loin ou bien rapatrier des blessés. Dans le cas d’une opération plus ambitieuse ou plus longue, il faudrait aussi ravitailler les véhicules et les hommes, assurer les dépannages éventuels, pour ne pas freiner la progression des unités de l’avant.
Cette manœuvre délicate exige une coordination méticuleuse ainsi qu’une bonne gestion des compétences de chacun. C’est le rôle de l’état-major tactique terrestre en lien direct avec l’état-major marin. Il commence à travailler à partir du bord grâce aux transmissions installées et à la relative quiétude de notre zone PC. Mais bien vite, il est en mesure de se déployer à terre et peut servir d’intermédiaire avec la base arrière que constitue le BPC à la mer.
Mais la mer est aussi une zone dangereuse qui exige du bâtiment des précautions importantes. Ainsi, non loin du Mistral, le Dupleix veille. C’est d’ailleurs lui qui détecte les aéronefs menaçants. Poste de combat, la menace se précise. Bientôt les missiles sont détectés, il faut se protéger, mais aussi combattre. La priorité du commandant est la poursuite de l’action amphibie, tout doit donc être orienté dans ce sens. Les impacts subis désorganisent le bâtiment. Il faut réagir vite et reprendre l’initiative.
Fort heureusement, il s’agissait aujourd’hui d’un exercice rehaussé par la participation de Mirage 2000 basés à Djibouti.
Ce soir, profitant d’une relative accalmie de la situation terrestre, le Mistral d’est éloigné vers le large, pour se dégager des zones dangereuses, mais aussi plus simplement pour fabriquer de l’eau douce afin d’arriver en escale soutes pleines. Les osmoseurs fonctionnent vite, mais il requièrent une eau limpide pour ne pas encrasser leurs filtres.

Signé :  Gilles Humeau

 

7 mars 2008 - Ravitaillement en mer avec le Var et le Dupleix

  

Copyright Marine Nationale

27 photos au lien suivant : ICI

 

Reportage Radio / RFI

© Radio France Internationale

La vie à bord du Mistral en exercice dans le golfe d’Aden

Un reportage de François-Xavier Trégan. Durée : 19 min 30 s. / 5 Mo

Remerciements Portail des Sous-marins

 

6 Mars 2008 - 1er posé d'un Sea Stallion US

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Autres photos

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Jeudi 6 mars 2008

Nos troupes terrestres progressent vite dans un terrain difficile et bien différent des sols meubles rencontrés en Arabie Saoudite.

Ce matin, confiants dans l’autonomie plus importante de nos légionnaires, nous avons desserré nos deux Gazelle à terre et débarqué l’échelon résiduel de l’état-major terrestre.

La journée fut mise à profit pour recompléter nos réserves de gazole auprès du Var, le pétrolier qui héberge l’état major d’ALINDIEN. Ainsi, en début de matinée nous sommes nous retrouvés, au nord de l’île Maskali, à une demi-heure de mer de Djibouti. Lors de notre présentation le Dupleix était déjà à poste, prêt à recevoir son carburant. Peu après nous étions nous aussi accrochés et avons ainsi navigué de concert pendant une bonne heure. En fin de période, l’Alouette du Var venue assurer l’alerte chez nous a décollé pour exercice, munie d’un appareil photographique. Comme les pilotes avaient un doute sur le niveau de leur batterie, je leur ai fait prêter le mien et vous pourrez certainement regarder quelques uns des beaux clichés rapportés sur la galerie photo.

Une fois rassasiés les trois bâtiments se sont séparés, le Dupleix filant vers un champ de tir tandis que le Var regagnait un poste au mouillage devant Djibouti.

Pour ce qui nous concerne, nous avions un programme aéronautique chargé puisque l’après-midi était consacré à l’appontage d’un Super Stallion, l’un de ces énormes hélicoptères que le BPC peut recevoir sur son spot avant. La machine est massive, semble pataude, mais je vous rassure, la puissance de ses moteurs fait bien vite oublier cette première impression. Les chiens jaunes présents sur le pont pourraient vous dire combien le souffle du rotor est puissant.

L’hélicoptère a ainsi tourné une heure et demi autour du Mistral, pour la plus grande joie des photographes, nombreux à saisir l’événement. Plus modestement, les Gazelle de l’armée de terre ont clôturé la journée à la nuit tombée dans le golfe de Tadjoura en nous amenant l’amiral Sautter venu en tournée d’inspection dans la région. Il passera quelques jours à bord.

Signé :  Gilles Humeau

 

Vendredi 7 mars 2008

Le port de Djibouti avait ce matin des allures très militaires puisque nous étions 5 grands bâtiments de guerre dans le port.

Comme il y a deux ans, le Mistral a accosté au poste 10 juste après le Dupleix qui manoeuvrait seul lui aussi.
Comme nous sommes vendredi, la seule manifestation organisée a lieu à Arta dans la résidence de villégiature de l’ambassadeur de France. Juste après, profitant de la présence de quatre amiraux français dans le port, les commandants des bâtiments de la force d’action navale seront invités à dîner par ALINDIEN sur le Var.

Dès demain, les excursionnistes auront la chance d’aller visiter les îles Mousha et Maskali, le lac Assal ou la forêt du Daye, autant de noms qui chantent aux oreilles des marins familiers du lieu ou amoureux des aventures d’Henry de Monfreid.

Signé :  Gilles Humeau

 

Escale à Djibouti

 

Depuis deux jours, le Mistral était en service du dimanche, les deux premières journées de détente à terre depuis l’appareillage de Toulon.

Les nouveaux venus racontent combien la ville est pouilleuse et malodorante, les vieux djiboutiens assurent qu’elle est beaucoup plus propre qu’autrefois et qu’elle évolue dans un sens de rigueur.
Pourtant, je suis d’avis de vous dire que Djibouti change peu d’un an sur l’autre. Les rues ont toujours autant de charme, de couleurs et les vendeurs des « caisses » autant de verve pour marchander des croix coptes, de « véritables » antiquités ou des produits en bois et pierre de l’artisanat kényan. Nos restaurants fétiches sont ouverts et si Ogoul a du mal à servir de la langouste, Youssouf continue de cuire ses délicieux poissons yéménites. Seul sacrifice à la tradition, il les présente dans des plats de plastique au lieu du papier journal qui a fait sa réputation. Mais les couverts sont en option !

Samedi, nous avons également salué l’ambassadeur Moureau qui rentrait en France dans le même avion que Ronan Olier, notre peintre officiel de la Marine.
Notre ami avait manifestement du mal à quitter le bord et je témoigne du fait qu’il dessinait encore dix minutes à peine avant de franchir la coupée…pour le tee-shirt que nous projetons de faire confectionner !

Hier, peu après le départ de l’amiral Sautter qui poursuivait son périple d’inspections, les organisateurs de Guistir 08 ont investi les lieux.Une vingtaine de nations participe en effet à un club luttant contre la prolifération nucléaire, et pour la première fois un exercice sur ce thème a lieu en Afrique, co-dirigé par la République de Djibouti et la France.

Aujourd’hui, les gabiers se sont époumonés à siffler les autorités montant à bord pour la première phase de l’exercice qui consiste en des conférences et des travaux de groupe. A midi, les cuisiniers et maîtres d’hôtel étaient bien sollicités pour restaurer la petite centaine de séminaristes. Prestation impeccable et remarquée, je vous l’assure !

Signé :  Gilles Humeau

 

Mercredi 12 mars 2008

La journée était encore consacrée à Guistir, mais en mer cette fois-ci.

Au programme, une démonstration d’arraisonnement d’un navire suspect (le Mistral) par une force de circonstances combinant des Mirage 2000, un Atlantique 2, l’équipe de visite persuasive du Dupleix et l’action musclée des commandos marine déposés à bord par Puma en un temps record.

La matinée ressemblait à une miniature des journées de présentation de la Marine auxquelles nous participions à Toulon début février. Peu avant l’accostage, nos hôtes ont ovationné le PM Dussol, représentant l’équipe complète des cuisiniers. Quelle fierté !
Nous avons débarqué tout le monde à quai au cours de l’escale la plus courte du Mistral, en 20 minutes tout compris...

Nous voici en route vers l’Est à la poursuite du Dupleix qui nous précède de quelques heures dans le golfe d’Aden.

Pour la première fois depuis longtemps l’équipage se sent seul, mais aussi un peu soulagé disons-le, après un mois de mer bien dense.

Signé :  Gilles Humeau

 

 Photos de l'exercice GUISTIR / Remerciements Lieutenant colonel Fusalba

   

     

   

Vidéo GUISTUIR 2008 : Cliquez ici

 

Jeudi 13 septembre 2008

En l’absence d’exercice en cours ou prévu à très court terme, la journée semble un peu vide et l’équipage se défend, mais sans vraie conviction, d’être désoeuvré…

Nous avons retrouvé cette nuit le Dupleix qui rebroussait chemin afin d’accueillir un Puma de l’ALAT venu lui remettre une pièce détachée pour son hélicoptère Lynx. Les deux bâtiments sont donc relativement proches et progressent au milieu du Golfe d’Aden.

Bien que nous naviguions loin des côtes, hors de portée radar pour les opérateurs du central opérations, les équipes de protection défense sont toujours sur le qui vive en raison des trafics nombreux qui traversent cette partie de l’océan Indien.
D’ailleurs, dès hier soir à la tombée de la nuit nous avons croisé sur notre route deux esquifs pratiquement vides qui traversaient du Nord au Sud, du Yemen vers la Somalie. Il est vraisemblable qu’ils avaient effectué la nuit dernière quelque transaction plus ou moins légale.

Toute la journée, les équipes de quart ont continué à surveiller la navigation commerciale qui parcourt le Golfe d’Aden selon deux routes principales, l’une en provenance du golfe arabo-persique, l’autre de l’extrême orient vers lequel nous filons.
Un peu plus tard dans la journée, un exercice de repêchage d’homme à la mer a brisé la monotonie d’une route bien rectiligne vers la corne de l’Afrique. Il était destiné à l’entraînement du chef de quart, l’un des trois officiers tout nouvellement « lâchés » à la passerelle. Inutile de vous dire que c’est un grand jour pour eux et que le traditionnel « Enseigne de vaisseau Simeoni, je prends le quart ! » était en fait moins assuré que le ton employé…
Dans le même temps, les services profitaient du calme pour avancer leurs travaux propres. Les uns faisaient de l’instruction, les autres de l’entretien de matériels un peu laissés pour compte depuis quelques jours.

Plus rigolote, la diffusion de l’aspirant Maud Manteau a relancé les artistes du bord pour un concours de motif, dans l’idée de faire confectionner un T-shirt de mission à Singapour. Je crois savoir que certains espèrent bien dépasser les traits magiques de Ronan Olier jetés au feutre sur une grande feuille de papier.
Mais rien de tel pour revenir à la réalité qu’une bonne alerte sécurité. Il s’agissait d’un exercice de feu de cuisine parfaitement orchestré par l’engagement habituel du maître principal Kousker. Le rythme est pris, mais c’est promis, foi de Second, on laissera souffler le secteur vivre bien sollicité depuis un mois.

Signé :  Gilles Humeau

 

Vendredi 14 mars 2008

La force gagne vers l’Est et le jour se lève plus tôt chaque jour. Et comme il se couche également plus tôt à mesure que nous progressons, le mieux est de changer d’heure pour rester calés avec le soleil.

Les heures en service, repérées par une lettre de l’alphabet qui « avance » avec nous, sont donc modifiées régulièrement.
Ainsi, alors que vous êtes en heure « A » en France, nous étions en heure « C » à Djibouti et nous venons de passer en heure « D » cette nuit. Nous avons ainsi trois heures de décalage et la différence augmentera jusqu’au Japon ou nous serons sept heures en avance sur la Métropole. Les changements s’effectuent dans ce sens comme en Europe, c’est à dire qu’à 02h00C il était 03h00D. Les veinards de quart entre minuit et quatre heures étaient contents. Au retour en revanche, nous bénéficierons d’une heure de plus dans la journée, traditionnellement au moment de la sieste.

Nous progressons sans faiblir et arrivons ce soir au Nord de la corne africaine. Encore dix jours avant de toucher la terre et pourtant le travail de préparation s’active pour monter notre escale japonaise mi-avril ; elle promet d’être agitée, notamment pour le secteur vivres et les équipes de garde ! Pour autant, l’entraînement se poursuit et chacun y met du sien… ou presque !

Nous avions en effet un exercice de crash d’hélicoptère sur le pont d’envol avec une simulation d’extension du sinistre dans le bâtiment. Rien de bien méchant en théorie, mais comme l’investissement manquait un peu, les organisateurs ont simulé d’autres départs de feux.
La situation était si grave qu’une bordée ne parvenait pas à endiguer le sinistre. Le commandant en second a donc naturellement fait rappeler tout l’équipage au poste de sécurité. Dans ce cas, on rassemble tout le monde au même endroit pour constituer des équipes optimisées avec le personnel disponible.
L’organisation du troupeau est particulièrement ardue puisqu’elle doit repérer toutes les spécificités des membres d’équipage. En revanche, elle décuple les forces et permet d’alimenter le directeur de la lutte avec le matériel et les hommes les plus aptes à intervenir. Si par malheur le sinistre est le plus fort, il faut alors se résoudre à évacuer le bâtiment.

En fin d’après-midi, madame Babey inaugurait un atelier photo destiné à tous ceux qui veulent apprendre à tirer le meilleur parti de leur appareil photographique, à respecter les règles élémentaires de cadrage et de composition des images, mais aussi pour les plus accrochés à utiliser au mieux les logiciels de retouche d’image. Mais ce soir, la France s’apprête à prendre deux jours de congés et les messages se précipitent sur les ordinateurs, comme pour donner du travail à ceux qui continueront de travailler en mer…

Signé :  Gilles Humeau

 

Samedi 15 mars 2008

C’est vraiment le WE en France.

Le flux des messages a sensiblement diminué depuis la frénésie d’hier après-midi.
Le calme est également perceptible à bord puisque nous entamons ce soir la traversée de l’océan indien depuis le nord de l’île yéménite de Socotra vers l’archipel des Maldives. Mais surtout, l’équipage est sans conteste mobilisé par le barbecue de ce soir qui rassemblera tout l’équipage autour d’un repas convivial.

La première compagnie qui regroupe globalement les manœuvriers et l’équipe des navigateurs, en est responsable. Les braseros sont installés sur l’ascenseur arrière en position basse pour éviter que le lieu du repas soit balayé par le vent. La précaution née d’expériences malheureuses se justifie peu ce soir puisque le vent reste très faible.
En effet, nous avons eu une belle journée, baignée par un soleil de plomb qui écrasait les ombres et faisait évaporer l’eau en surface, au point qu’à l’horizon le ciel et la mer se confondaient.

Demain c’est dimanche et la journée sera chômée pour le bord.

Signé :  Gilles Humeau

 

Dimanche 16 mars 2008

Journée calme à la mer qui permet à tous de se reposer. S’il fallait trouver un thème, ce serait sans doute pour rappeler le tournoi de badminton qui a vu s’opposer un très grand nombre d’équipes dès ce matin, principalement dans le hangar hélicoptères ou se trouve l’un des trois terrains « tracés » du bord.

Les deux autres sont dans le radier (ils ont été tracés après le départ du major Frelin !), mais par les temps qui courent l’humidité ambiante rend la performance sportive plus pénible.
Parmi les bonnes équipes très vite repérées, celle du capitaine d’armes, mais aussi celle du premier maître Pouget, le contrôleur, allié au commandant en second que beaucoup de marins donnaient gagnante. En cette période de notation, le soutien était sage…
Mais c’était sans compter la performance de l’équipe du troisième régiment d’hélicoptères de combat (pas notée par le commandant en second) qui a décroché sa place en finale après un match acharné et fort équilibré. Elle a ensuite battu les vainqueurs de l’autre poule emmenés par le major Georges, plongeur démineur en renfort sur le Mistral (pas noté lui non plus par le commandant en second).

Plus tard, à la nuit, le Père Frey célébrait la messe des Rameaux sur la plate-forme arrière. Notre aumônier catholique participe à l’intégralité du déploiement.
Il nous vient du Charles de Gaulle sur lequel il est affecté et découvre à bord la vie bien différente de celle du grand bateau plat. Rapidement intégré dans l’équipage, il tient régulièrement le salon de coiffure et vient d’être inséré dans l’équipe des aides vendeurs de la coopérative. Les esprits les plus revendicateurs espèrent que cela permettra d’augmenter le nombre des créneaux d’ouverture !

Par acquis de conscience, j’ai également essayé de consulter mes mails sur Internet aujourd’hui. Je peux vous assurer que je n’étais pas le seul, surtout à en juger par la lenteur de la connexion partagée entre les différents utilisateurs.
A n’en pas douter, l’avancée technologique est bien utile et connue ; reste à poursuivre les efforts pour assouvir la demande, surtout pendant les heures de détente.

Enfin, au hasard des tours de course sur le pont ou des rêveries sur la plage arrière pour bénéficier des mélopées au biniou du premier-maître Gaillard, on pouvait apercevoir quelques nuages d’altitude, de plus en plus nombreux à mesure que le soir arrivait. Le météorologiste nous annonce en effet depuis deux jours la formation d’une perturbation tropicale au sud-est de Ceylan. Il faut nous attendre à danser les jours prochains, mais il fera sans doute meilleur naviguer sur le Mistral que sur un chasseur de mines !

Signé :  Gilles Humeau

 

Lundi 17 mars 2008

Ce matin, le Dupleix nous a quittés pour faire route vers le port de Male aux îles Maldives afin d’y compléter ses soutes de gasoil. Nous le retrouverons mercredi.

Pendant ce temps, les équipes impliquées dans la conduite nautique réfléchissaient comme chaque année à la meilleure manière de naviguer en sécurité.
Au menu, outre l’introduction toujours trop philosophique du commandant, les discussions portaient sur la connaissance de la documentation, l’analyse d’événements nautiques récents, mais c’est surtout la connaissance mutuelle entre les « pontusses » et les « mécanos » qui a guidé la matinée.
Comment en effet ménager notre source d’énergie en tirant le maximum de la machine ? Vastes chamailles si vous m’en croyez, sur fond d’incompréhensions heureusement souvent feintes !

Profitant de ce que notre prochain point de rendez-vous n’est pas si loin et dans deux jours seulement, le programme prévoyait de consommer notre avance en effectuant une plongée en eaux libres sous le bâtiment à la dérive.
Dans le même temps, l’Alouette III de la flottille 35F devait s’entraîner au treuillage de naufragés en mer. Enfin, comme nous étions obligés de rester immobiles pendant quelques heures, l’occasion était trop belle pour les CTM d’aller s’entraîner eux aussi… … et pendant ce temps, le radier, rempli d’eau n’attendait que les baigneurs restés à bord pour une séance récréative très attendue !
Eh bien c’est raté ! Le mauvais temps annoncé générait une houle significative interdisant aux plongeurs de se mettre à l’eau sous la coque, et les manœuvres de CTM s’avéraient périlleuses…
La baignade attendra une autre occasion au grand damne de ceux qui s’étaient peut-être déjà changés. En lieu et place, les chefs de quart ont pu s’entraîner à la manœuvre autour d’un croisillon surmonté d’un pavillon à la croix rouge, patiemment réalisé sous la direction du maître Audrey Samper.

Ainsi, en milieu d’après-midi, nous avons repris notre route vers l’Est à petite allure pour économiser le carburant et permettre aux mécaniciens d’effectuer l’entretien régulier des diesels alternateurs. Pourtant, avec la température de l’eau de mer, l’humidité ambiante et l’activité résiduelle du bord, il n’a pas été possible d’obtenir les paramètres souhaités. L’entretien attendra demain ; les mécaniciens savent rester souples.

J’allais oublier de vous donner le résultat du concours de motifs pour le T-shirt, remporté sans conteste par le second-maître Marc. Il associe dans un dessin rond les deux silhouettes du Mistral et du Dupleix, le drapeau japonais rayonné rouge et blanc, au dessus d’une carte de l’océan indien supportée par un Gavial stylisé.

Signé :  Gilles Humeau

 

Mardi 18 mars 2008

En prévision d’une activité dense demain, la journée était relativement calme et marquée par la réunion de la commission participative d’unité (CPU) qui permet à toutes les catégories de personnels de recevoir des nouvelles du programme d’activité par le commandant, de poser les questions restées sans réponses et de faire remonter les doléances.

Les petites reconfigurations du programme du déploiement, mais également la perspective d’aller au Havre en juillet ont été abordées, tout comme les inévitables ajustements de la vie commune à bord au cours d’un déploiement de longue durée.
Parmi les questions récurrentes, on trouvait des interrogations sur les horaires de travail, sur l’utilisation d’Internet à la mer, mais également des questions relatives à la buanderie ou au sport sur le pont d’envol.
A l’issue, un déjeuner au carré commandant clôturait la réunion.

Cet après-midi, le médecin organisait une instruction au profit des brancardiers.
Cette fonction est traditionnellement remplie par les commis, fourriers, maîtres d’hôtel et secrétaires du bord. A chaque alerte sécurité, mais aussi lors des exercices d’homme à la mer ou de postes de combat, ils rallient l’infirmerie et constituent des équipes chargées d’évacuer les blessés éventuels vers l’hôpital. Leur rôle est capital car ils prodiguent les premiers soins dans l’urgence et doivent ainsi connaître les bases du secourisme.
Aussi, le médecin et les infirmiers professionnels profitent-ils de toutes les occasions pour les instruire. Ils se reconnaissent au brassard à croix rouge qu’ils portent sur la tenue de protection de base et travaillent en équipes de cinq ou six. C’est en effet le minimum requis pour descendre en brancard un poids lourd dans les échappées !

Cet après-midi, nous avons croisé un grand nombre de bâtiments de commerce qui assurent la ligne entre l’extrême orient et le golfe d’Aden. Ce sont principalement des porte-conteneurs qui filent à plus de vingt nœuds. Leur route est très étroite au milieu de l’immensité de l’océan ; l’horizon est à nouveau vide devant nous avant de rencontrer le rail provenant du golfe persique et ses pétroliers.
Enfin, nous souhaitons tous un bon anniversaire à Marie Babey qui fête chaque année ses quinze printemps et demi le 18 mars !

Signé :  Gilles Humeau

 

Mercredi 19 mars 2008

Nous avons traversé hier soir le « nine degrees channel » qui permet aux navires hauturiers de traverser le Nord des iles Maldives, vers le sud de l’Inde ou l’extrême Orient.

Ce matin, nous avons ainsi retrouvé le Dupleix après son ravitaillement à Male et faisons à nouveau route de conserve vers le sud de Ceylan.
Le rendez-vous a été avancé pour permettre une consultation dentaire en urgence au profit d’un officier marinier supérieur de la frégate. Enfin un « cas intéressant » (… !) pour notre dentiste réserviste, travaillant habituellement à Roanne et parmi nous jusqu’à Port Kelang.

L’activité phare du jour, un « MACOPEX supérieur », faisait travailler l’ensemble de l’équipage au poste de combat, pour lutter contre les sinistres occasionnés par l’explosion d’une torpille et de nombreux projectiles aéronautiques.
Je peux vous dire que la sauce était salée ! Outre quelques artificialités inévitables, l’équipe d’analyse de la situation a du faire face à une situation initiale confuse et difficile à récupérer en raison de la perte du système normal de communications à bord. Il a fallu des trésors d’ingéniosité pour retrouver l’initiative et reconquérir le bâtiment en proie aux flammes fictives, mais envahi par la fumée réelle du générateur fétiche des équipes d’animation.
Comme la situation n’était pas maîtrisée en fin de matinée, la cuisine eût même l’occasion de nous prouver son efficacité en organisant un « mess in action ». Il s’agit d’un déjeuner express en moins d’une heure, cuisine comprise.
Essayez et vous verrez si vous trouvez une autre idée que la salade de macédoine et les raviolis. Au dire des experts, ceux de ce millésime étaient moins brûlants, mais plus secs… Finalement, tout est rentré dans l’ordre en début d’après-midi.

Le bruit est rare à présent car les corps sont fatigués. Dehors, les grains violents que nous traversons rappellent que nous naviguons en plein dans la zone intertropicale de convergence, connue pour ses pluies diluviennes.
Pourtant, la dépression que nous redoutions hier encore semble s’éloigner sans vraiment se creuser, heureusement pour nous !

Signé :  Gilles Humeau

 

Jeudi 20 mars 2008

Aujourd’hui, la NPV de Singapour est parue dans les carrés. Le travail de rédaction de cette « notice pour visiter » est l’œuvre de l’aspirant REM, élève polytechnicien en stage à bord jusqu’au Japon et plus connu à bord sous le pseudonyme de « Karate Kid ».

Il l’a confectionnée à partir des guides divers qu’il a pu trouver à bord. On y trouve pêle-mêle des précisions historiques, ethnologiques sur l’île-Etat, mais aussi de bonnes adresses de restaurants ou magasins, sans oublier les renseignements pratiques sur la vie locale.
Ainsi, les nouveaux venus à Singapour apprendront-ils qu’il leur coûtera 500€ de laisser tomber un papier dans la rue !

Pour autant, l’entraînement ne faiblit pas et c’était au tour des artilleurs, un peu délaissés depuis quelques jours de montrer qu’ils n’ont pas trop perdu de leur savoir-faire. Nous avons donc enchaîné deux exercices.
Le premier était destiné à améliorer notre capacité de réaction contre des vedettes rapides cherchant à nous saturer. Nous avions donc largué quatre gros ballons de baudruche multicolores, comme autant de cibles. Le Mistral évoluant au milieu d’elles, les servants d’affûts pouvaient voir l’ennemi virevolter autour de nous.
L’exercice profitait également au chef de la défense à vue qui avait le devoir de faire le tri entre les bons et les méchants, sans oublier la nécessaire autorisation du commandant pour faire feu, après le feu vert des officiers de quart au central opérations et à la passerelle.

A l’issue, changement de décor, les avions remplaçaient les vedettes. Le tir anti-aérien est difficile car les ballons évoluent plus vite au gré du vent.
Pourtant, est-ce parce qu’ils étaient chauds, nos canonniers ont fait mouche presque à chaque fois. Imaginez, il reste des munitions non tirées pour la prochaine fois !

Signé :  Gilles Humeau

 

Vendredi 22 mars 2008

Vous n’imaginez peut-être pas qu’une révolution est intervenue à bord du Mistral aujourd’hui…

Le changement d’heure initialement prévu la nuit prochaine a eu lieu cet après-midi.
Ainsi, sans que cela apparaisse immédiatement, le commandant en second a accepté de travailler une heure de moins… A refaire, assurément !

Cela dit, le travail n’a pas manqué à la machine pour tenter de réparer un collecteur d’eau de mer de refroidissement sur un diesel alternateur. L’imbrication des tuyaux est telle que la tâche s’est vite révélée trop ardue à la mer.
Elle sera reprise à Singapour car elle ne rend pas la machine indisponible. N’empêche, avec la température qui règne dans le compartiment machine, l’épreuve était sévère pour les mécaniciens.

Sur la carte, le groupe Mistral-Dupleix a maintenant traversé les deux tiers du golfe du Bengale et déjà les routes des navires de commerce que nous « voyons » au radar dans notre Nord, commencent à converger vers le passage obligé au sud des îles Nicobar.

Signé :  Gilles Humeau

 

Dimanche 23 mars 2008

Aujourd’hui, nous fêtons Pâques à la mer, mais sans chasse aux chocolats sur le pont d’envol. A vrai dire, l’énergie dépensée depuis hier aurait presque pu nous faire oublier que la journée est chômée, au moins dans le programme.

L’opération d’évacuation sanitaire d’un marin du Dupleix vers Kuala Lumpur vient de s’achever à la nuit tombée, mais il s’en sera fallu d’un cheveu…

Hier en effet, juste après un exercice de défense aérienne face aux agaceries et agressions plus ou moins franches de l’Alouette de la 35F, nous effectuions un exercice de tir sur ballonnets coordonné avec le Dupleix, notre GO du moment.
Plus encore, les CTM étaient de la partie pour rattraper l’annulation de leur déradiage du 17. Après quelques hésitations liées à la juxtaposition de plusieurs trains de houle qui compliquaient la manœuvre amphibie, quatre bâtiments se sont donc retrouvés en file indienne au milieu d’un parterre de ballons de toutes couleurs.
Le tir en lui-même s’est plutôt bien déroulé, mais les résultats ne sont pas aussi nets que ceux de l’autre jour. Pourtant, sachant que « les autres » regardaient, la motivation des tireurs était perceptible dans le regroupement des impacts au voisinage immédiat des cibles. Seulement, il en reste quelques unes intactes…
Mais l’amour propre sait céder la place à l’engagement de tous et nous l’avons très vite réalisé à midi lors de l’annonce du besoin d’évacuer un blessé sur le Dupleix. L’Alouette opportunément mise en place sur la frégate, s’est rapidement configurée pour transporter le marin en lieu et place du treuillage prévu.
Déjà les médecins se contactaient pour conforter le diagnostic, prenaient contact avec leur homologue de l’état major d’ALINDIEN en escale à Madagascar, puis avec un spécialiste de l’hôpital militaire de Toulon. Une opération chirurgicale s’imposait ans les 12 à 24 heures.

Sans attendre, l’activité prévue était annulée, les deux bâtiments montaient en allure pour se rapprocher des côtes distantes de près de 300 miles, le Dupleix accélérait encore pour gagner sur l’avant et servir, au cas où, de plate-forme relais pour un hélicoptère.
Les cartes nautiques et aériennes sortaient des tiroirs pour étudier a priori la faisabilité de gagner la terre avec nos machines théoriquement limitées aux abord immédiats de la force, mais aussi objectivement bloquées par leurs rayons d’action.
Chasse aux dérogations, pesée des risques, élaboration de critères de décisions, recherche d’informations météorologiques fines, le téléphone ne passe pas, plus vite encore, options à conserver, le pod tribord chauffe, il faut réduire, Thaïlande, Malaisie, Indonésie, tout de suite, demain, dans la nuit, ravitaillement, 55 nœuds de vent sur le pont, Banda Aceh, cela ne « passe » pas, encore gagner, les grains sont violents sur l’avant, il faut lancer dès que possible, la « clearance » est en cours…18 heures : deux machines décollées bâbord !

Peu après, dès la perte du contact radio et radar avec les deux Gazelle de l’armée de terre et c’était le début d’une longue attente mise à profit pour faciliter la suite et gagner encore sur le temps dans cette course effrénée contre la montre.
Six, puis huit heures étaient déjà consommées, plus que 4 heures de vol et deux ravitaillement, pourquoi n’appellent-ils pas ? La nuit a ainsi résonné d’informations contradictoires, d’espoirs vite déçus, de relances à la limite du possible pour faire livrer du pétrole par un essencier préférant les petites coupures aux assurances de l’ambassade de France.
Mais le blessé progressait vers la Malaisie, l’ambulance était prête, l’équipe chirurgicale parée à intervenir dans la nuit, 15 heures déjà ; ils ont redécollé de Médane, dans deux heures ils seront posés...

L’équipée a ainsi duré jusqu’à la fin de la nuit, tout au long des 600 miles (la distance entre Nice et Brest !) qui nous séparait de Kuala Lumpur.
Notre marin a été opéré moins de 20 heures après son accident et conserve donc toutes ses chances d’être bientôt rétabli.

Aujourd’hui, le retour des Gazelle s’est bien passé sitôt que nous avons pu être à leur portée. Dans l’après-midi, le nouveau changement d’heure nous éloigne encore de vous. Sept heures de décalage ! Pourtant, ce changement a été avancé de 24 h ce matin même pour ne pas fatiguer davantage l’équipage avant l’arrivée à Singapour.
Voyez comme les marins sont libres, au point de vivre à l’heure qui les arrange pour faciliter telle ou telle activité ! Ainsi du vol de nuit qui tombe au moment du repas, du besoin de travailler plus tôt, à la fraîche, sans perturber le rythme biologique, etc…

Dans la journée, peu après la messe de la Résurrection, l’aumônier a gagné le Dupleix ou il restera jusqu’à Singapour. Cet après-midi, les photographes ont pu remettre leurs chefs d’œuvre pour la seconde édition du concours présidé par Marie Babey.
Sur l’eau, le paysage a bien changé. Nous sommes depuis cette nuit dans la mer des Andamans, dans la partie septentrionale de l’entonnoir menant au détroit de Malacca.
Le trafic devient dense, d’autant plus que les fonds peu importants sont prisés par les pêcheurs.

Demain, nous embouquerons le détroit le plus passant du monde.

Signé :  Gilles Humeau

 

Lundi 24 mars 2008

Les orages magnifiques qui illuminaient l’horizon hier soir ont disparu. Le Mistral est précédé du Dupleix dans les premiers miles nautiques du long dispositif de séparation de trafic.

Cela n’empêche en rien les exercices de continuer dans le bord, comme en témoigne cette alerte au colis piégé déclenchée dans la matinée, juste au moment ou les trois hélicoptères partaient à l’assaut des montages indonésiennes couvertes de jungle et de rizières.
Et comme tout ne se passe pas toujours au mieux, la bombe fictive, rapidement découverte dans le hangar hélicoptère, a fini par exploser malgré la présence à bord d’une équipe de démineurs, paix à leurs âmes !
L’occasion était en effet trop belle pour rater l’extension à un grand exercice sécurité…

Ce soir, les deux bâtiments sont sur une autoroute maritime aux accents de chassé-croisé estival.
Nous nous faisons doubler en trombe par des porte-conteneurs monstrueux, dépassons des cargos-limaces tout en zigzaguant au milieu des pêcheurs inconscients mais fort habiles pour dégager au dernier moment.
Les dispositions de protection défense ont naturellement été reprises face aux pirates dont on reportait encore hier une tentative d’attaque tout près d’ici.

Demain, Singapour !

Signé :  Gilles Humeau

 

  Escale à Singapour du 25 au 28 mars 2008

 

Vendredi 28 mars 2008

Dès ce matin, le Mistral s’est rempli de têtes nouvelles avec l’arrivée des participants à l’exercice Black Arrow. Les forces spéciales sont ainsi embarquées sur le BPC pour conduire la reprise de vive force d’un bâtiment français, investi par des pirates dans les eaux singapouriennes…

Tout un imbroglio juridique et diplomatique propre à passionner les états-majors !

Notre rôle était d’offrir une plate-forme de lancement, mais aussi de direction de l’assaut.
Dans les faits, cet exercice se déroulait cet après-midi à l’ouest de « Raffles Island », à la pointe sud de l’île principale de Singapour. Nous avons donc repris la route commerciale au milieu du dispositif de séparation du trafic, comme l’un des 1000 bâtiments qui empruntent quotidiennement l’autoroute maritime la plus fréquentée au monde.
De jour comme de nuit, les navires de tous acabits et de tous tonnages se croisent, se doublent et se laissent passer dans un ballet incessant et toujours tendu.

Heureusement, le lieu de l’interception du « client » était un peu à l’écart et nous avons pu assister en direct à l’assaut de nos camarades, avant de repartir vers l’Est et la mer de Chine.

Signé Gilles Humeau

 

Samedi 29 mars 2008

Fort heureusement la densité du trafic a baissé et nos voisins de la nuit se sont évanouis vers des contrées différentes ou des routes divergentes.

Par chance également, le week-end en France limite la frénésie des rédacteurs métropolitains qui nous ont asséné un grand nombre de messages pendant l’escale et la journée d’hier.
L’activité a donc été consacrée à remettre de l’ordre à bord, à digérer l’escale et à nous mettre à jour du travail accumulé dans la semaine.
Au hit parade des tâches, l’escale de Tokyo dispute la vedette à celle de Shanghaï, sans oublier naturellement les travaux préparatoires à la notation annuelle de l’équipage qui occupent bien les cadres.

Alors, afin que les autres ne se sentent pas abandonnés, le Chef avait préparé un exercice sécurité de reprise, dirigé pour sa formation par le major Richard.

Nous nous avançons maintenant dans les îles du Sud de la mer de Chine, à la nationalité souvent controversée, mais prisées par les pêcheurs si j’en juge par la densité des embarcations autour de nous !
Il fait encore beau, mais notre grenouille annonce une baisse des températures pour les jours à venir.

Signé Gilles Humeau

 

Dimanche 30 mars 2008

Pour la troisième fois depuis notre départ de Toulon, la trêve hebdomadaire du dimanche à la mer a pu être respectée.

Elle a commencé hier soir avec le barbecue ma foi fort réussi, organisé par la cinquième compagnie, celle des sécuritards.

Nous avons en particulier apprécié la profusion de fruits exotiques qui composaient le dessert. Vous connaissez le « fruit du dragon » ?
Ce matin après sa messe, le Père Frey nous a quittés pour passer une semaine sur le Dupleix. Il était accompagné, mais pour la journée seulement, par madame Détrée et l’aspirant Rem.
En retour, nous avons accueilli à bord deux équipes de football de la frégate pour le tournoi de « foot en radier » qui servait d’ossature à l’activité sportive du jour.

Ce soir, alors que la nuit d’encre nous avait déjà recouverts, notre route a croisé bon nombre de concentrations de pêcheurs répandant sur l’eau une nuée de lumignons. Il s’agit de petites embarcations qui soutiennent de loin en loin des filets longs de plusieurs kilomètres.
Ils sont ainsi une quarantaine d’esquifs barrant la mer sur plus de 15 km.
Grâce aux reflets sur l’eau, leur nombre semble encore accru, et pourtant leur image radar n’apparaît qu’au dernier moment.

Un cauchemar pour le chef du quart…

Signé Gilles Humeau

 

Lundi 31 mars 2008

Notre petit bonhomme de chemin se poursuit par une météorologie clémente en mer de Chine.

Nous transitons aujourd’hui au large des côtes vietnamiennes vers le détroit de Luzon au Nord des Philippines. L’entretien au sens large a repris ses droits pour l’équipage qui profite du calme relatif de la météorologie pour combattre « du temps l’inévitable outrage ». L’œil exercé de madame Détrée ne s’y est pas trompé puisqu’elle peignait cet après-midi un marin affairé à briquer son matériel dans le radier. Par ailleurs, elle a exposé dans la coursive du pont 2 au profit de l’équipage sa production de gouaches réalisées à bord.
Ailleurs, l’inscription aux excursions en Chine alimente les conversations des marins. Figurez-vous qu’une centaine de volontaires projette de se rendre sur la Grande Muraille au cours d’un voyage de deux jours. Naturellement, il faudra composer avec les tours de service non encore sortis, sans compter que le commissaire s’arrache les cheveux pour faciliter le paiement en Yuan de ces voyages.
Plus près de nous, l’escale prochaine à Tokyo suscite quelques inquiétudes légitimes à la vue du programme d’activité qui s’annonce complètement fou. Jugez plutôt : deux coquetels, un ou deux déjeuners de représentation, un dîner du ministre de la défense japonais, deux demi-journées de soutien à l’exportation, une journée de séminaire de défense, une journée de visites d’écoles, sans oublier les tâches habituelles comme le recomplètement des vivres. Les distractions seront rares pour l’équipage, malgré la charge prise par le Dupleix qui organisera un coquetel et accueillera une vente de charité au profit de la communauté d’Emmaüs. Restent les inévitables rencontres sportives…
Ce programme traduit bien l’évolution de nos déploiements depuis quelque temps. La notion de repos des équipages lors de haltes régulières cède le pas aux opérations de relations internationales et de soutien aux exportations. Plus que jamais, le rôle d’ambassade flottante attribué aux bâtiments de guerre en escale prend de l’importance.
Ce soir, à la faveur d’une nuit « démonstrative » puisque bien noire, nous avons félicité le LTT Osmanovic de l’ALAT qui a été confirmé à l’appontage de nuit. A lui les belles missions !

Signé Gilles Humeau

 

Mardi 1er avril 2008 ...

La nouveauté du jour était d’importance, à tel point qu’elle a été diffusée dès ce matin lors du traditionnel « point de situation » prononcé par le chef du quart après le branlebas.

L’équipage était invité à dégager le pont d’un banc de poissons volants rencontré dans la nuit et échoué sur le Mistral. Malheureusement, seul le photographe s’est présenté, et nul ne sait s’il était venu saisir la déconvenue des marins abusés dans leur crédulité, ou bien s’il était lui-même victime du poisson d’avril !
Nous remontons toujours vers le Nord-Est et devrions doubler la pointe Nord des Philippines dans la journée de demain. Le temps jusqu’ici clément commence à se gâter. Pour l’instant, seule une houle de plus en plus marquée commence à nous bercer et le ciel reste clair. Mais la Grenouille n’est pas optimiste… et la température encore agréable descend inexorablement !
L’activité du jour a mis les aéronautes de la 35F à l’honneur puisqu’ils ont réussi à voler à trois reprises. La mission traditionnelle d’investigation sur l’avant de notre route a permis au MP Larsonneur de prendre de la hauteur, et la séance de « posés décollés » de cet après-midi visait à sensibiliser le LV Mellaza et le SM chef de quart Droguet sur les contraintes de l’aéronautique vue de l’hélicoptère. Enfin, une heure de ravitaillement par charge suspendue sous l’Alouette a permis aux équipes de pont d’envol de se mécaniser.
Et puis dans la journée, nous avons accueilli trois officiers du Dupleix venus préparer un exercice de protection défense que nous espérons bien mener dans trois jours… météo permettant naturellement.
Enfin, l’heure fatidique arrive ou nous perdrons le lien satellite si pratique qui nous permet d’échanger facilement avec la terre… Nous allons retrouver le 20ème siècle pendant deux semaines !

Signé Gilles Humeau

 

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