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Actualités
2008
- Spécial Mission en Océan Indien
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Journal de bord / Partie 3
Suivez la mission sur le site
officiel Équipage
http://bpcmistral.fr/
Partie 1 -
Partie 2 -
Partie 3 -
Partie 4 |
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Mercredi 2 avril 2008
La remontée vers le
détroit de Luzon se poursuit par une
météorologie plus chahutée qu’à l’accoutumée.
Les vagues d’étraves commencent à déferler dans
la houle plus marquées qui vient du Pacifique.
La température a baissé et nous retrouvons à
bord un air un peu plus sec qui permet aux
serviettes de toilette de mieux sécher.
Aujourd’hui, en fin de matinée, la perception
d’un navire de commerce suspect, immobile sur
l’eau, a mis un peu de piment dans la chaîne des
opérations. Mise en alerte de l’Alouette,
décollage pour une mission supplémentaire,
photos.
Malheureusement, une avarie technique découverte
après l’appontage handicape notre volatile
jusqu’à l’arrivée à Tokyo. Nous n’avons donc pu
lui faire jouer son rôle guerrier pendant
l’échange d’équipes de visites, avec le Dupleix,
l’activité phare de l’après-midi.
D’ailleurs, la météorologie s’est chargée de
nous faire travailler les « cas non conformes »,
ces variantes dans le plan initialement prévu.
Seuls les tirs de semonce et la procédure
extrême des tirs d’arrêt pour amener un client
récalcitrant à davantage de raison ont pu être
exécutés.
En effet, il n’était pas raisonnable de mettre à
l’eau les embarcations pneumatiques dans la mer
formée.
Nous nous sommes donc transformés en cible de
notre propre équipe de visite. La tribu des
aspirants, aidée par le groupe d‘intervention
régional de Toulon (fusiliers marins chargés de
protéger la base navale contre toute agression
extérieure) dont nous avons un détachement à
bord, jouait l’équipage d’un cargo vraiment
louche.
Rien ne collait dans l’histoire rocambolesque de
l’équipage. Les papiers étaient truqués, le rôle
d’équipage était incomplet et falsifié, la
cargaison semblait frauduleuse, sans compter la
découverte d’explosifs sur des membres
d’équipage…
L’équipe de visite a eu bien du mal à tout
contrôler et l’après-midi a failli mal se
terminer puisque le médecin a du recoudre un
blessé léger.
Il y a des jours comme ceux-ci…
Source Gilles Humeau |
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Jeudi 3 avril 2008
Après avoir croisé un
groupe aéronaval américain dans la nuit au Sud
de Formose, nous avons eu la surprise de
découvrir que le bâtiment nous remontant sur
tribord n’était autre que le Rappahanoc, ce
pétrolier américain qui nous avait ravitaillé en
océan Indien voici deux ans.
Un peu plus tard, au
détour d’un grain, un chasseur de mines
américain lui aussi est apparu que nous avons «
attaqué » en Scott, c’est à dire en signaux
morse lumineux.
Décidément, les atterrages japonais et taïwanais
sont très fréquentés !
Peu après, alors que la journée de travail
allait commencer en France et que nous
finissions le déjeuner, les antennes ont « perdu
» le satellite Syracuse 3 qui nous abreuvait
depuis Toulon.
Le téléphone, les mails et Internet sont donc
pratiquement coupés vers l’extérieur, les
messages se font rares.
D’aucun nous envient de pouvoir naviguer à
l’ancienne sans épée de Damoclès au dessus de la
tête !
Source Gilles Humeau |
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Vendredi 4 avril 2008
Ce matin, à la faveur
d’une accalmie de la météorologie, le quartier
maître armurier du Dupleix blessé le mois
dernier a pu regagner son bâtiment.
Pour l’avoir croisé à de
nombreuses reprises au détour des coursives du
BPC, je vous assure qu’il n’a pas été trop
malheureux à bord.
Nous lui souhaitons néanmoins un bon retour
parmi les siens. Pour l’accompagner, l’aspirant
Rem participait au transbordement. Il en
profitera pour découvrir pendant quelques jours
la vie d’une frégate « pointue ».
En échange, nous recevons un alter ego en
attente de cours à l’école navale. A part cette
distraction, la journée est consacrée à
l’entretien du bâtiment et aux travaux
préparatoires à la notation annuelle pour les
officiers chefs services.
Même en mer, la vie « normale » ne s’arrête pas
et nous devons, comme les autres unités de la
marine, rendre nos copies à l’heure !
Source Gilles Humeau |
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Samedi 5 avril 2008
Encore une journée bien
banale pour les marins du bord. Le poste de
combat de ce matin a été transformé en exercice
sécurité en raison de l’annulation du vol de
Gazelle prévu pour éclairer la force sur l’avant
de sa route.
En effet, aucun écho
radar n’était perceptible autour de nous et nous
aurions consommé du potentiel d’heures de vol
pour peu de chose.
Compte tenu de l’allocation qui nous est
allouée, il faut mieux économiser. L’alerte a
néanmoins été maintenue toute la journée pour
éventuellement identifier un navire inconnu ou
suspect comme l’autre jour. Elle a été suspendue
à la nuit.
Plus discrètement, dans les alcôves, les esprits
ont néanmoins bouillonné pour affiner le
programme de visite du premier ministre à bord
la semaine prochaine.
Comme les liaisons sont devenues difficiles, il
faut s’organiser pour expédier les mails et
messages à des horaires « stratégiques » et
ainsi faciliter le travail de nos
interlocuteurs. C’est pourquoi nous avons établi
trois vacations journalières en début de matinée
pour récupérer le courrier expédié en fin de
soirée par les métropolitains, en milieu de
journée pour leur expédier la réponse attendue
avant le début du travail en France, et en fin
de soirée pour abreuver encore les travailleurs
tardifs des états-majors centraux.
Ce soir, en raison d’une nouvelle dégradation de
la météorologie, le barbecue prévu a été annulé
et remplacé par un dîner oriental. Le groupement
aviation qui organisait la soirée avait mis les
petits plats dans les grands, mais surtout, la
soirée a donné lieu à la distribution des
récompenses pour les divers concours organisés
depuis l’appareillage (photographies, sports,
etc…).
Source Gilles Humeau |
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Dimanche 7 avril 2008
Déjà dix jours de mer
depuis Singapour et pourtant le temps a coulé
très vite ! Pour ce deuxième dimanche à la mer
de la traversée, nous avons essuyé une jolie
dépression qui limitait les velléités des
sportifs du pont d’envol.
Le maitre principal
Chenet a tout de même essayé d’enchaîner ses
exercices hebdomadaires, mais il a du renoncer
après trois quarts d’heure sous une pluie
battante.
Au même moment, les passerelles du Dupleix et du
Mistral étudiaient attentivement l’état de la
mer pour décider du retour programmé de
l’aumônier après sa messe matinale sur la
frégate. Finalement, le mouvement s’est effectué
et nous avons récupéré notre « Padre » heureux
de son voyage et très content d’avoir été
prudent en revêtant la tenue étanche…
Cet après-midi, le tournoi de badminton a
repris. L’occasion était rêvée pour le
commandant en second de faire taire les
outrecuidants l’ayant malmené la dernière fois.
Mais les traditions se perdent et l’armée de
terre a encore remporté le trophée !
Contrairement à la semaine dernière, l’équipe du
Dupleix qui devait venir défendre ses couleurs a
du renoncer en raison de l’état de la mer.
D’ailleurs, l’échange de personnel initialement
prévu a du être annulé.
Nous retrouverons l’aspirant Rem à Tokyo s’il
survit à la mauvaise mer…
Source Gilles Humeau |
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Lundi 7 avril 2008
Ce matin, alors que la
visibilité extérieure s’était bien améliorée
depuis hier, le météorologiste avait l’air
inquiet, arpentant le bord avec une carte chipée
aux aéronautes à la recherche du commandant.
A l’entendre, il fallait
filer au plus vite pour tenter de se mettre à
l’abri au plus près de la baie de Tokyo.
Sitôt la fin des manœuvres aviation du matin,
les bâtiments ont donc accéléré l’allure et pu
vérifier que la grenouille avait bien fait.
Rapidement, en début d’après-midi, le Dupleix
annonçait qu’il réduisait à 12nd, qu’il faisait
route vent arrière pour vérifier l’amarrage
extérieur, et quelques minutes plus tard, le
vent sur le pont dépassait 100 km/h, la
visibilité chutait.
La lumière maintenant altérée au cœur de la
journée, baignait les flots d’un mélange de gris
et de blanc cassé, comme un soir d’orage.
Les rehauts d’écumes blanches aussitôt emportées
en longues traînées de fumée, estompaient les
creux désormais prononcés.
Et toujours ce vent…
Les prévisions n’incitaient guère à l’optimisme
pour la nuit, à tel point que nous rallions la
baie la moins exposée en espérant que la nuit
sera suffisamment calme pour que les corps se
reposent en vue de la journée de demain.
Source Gilles Humeau |
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Mardi 8 avril 2008
Preuve est faite
aujourd’hui encore que la mer impose sa volonté
et que les marins sont tributaires de la
météorologie. Nous sommes ce soir encore en mer,
juste devant le port de Tokyo, à une demi-heure
du quai sur lequel nous étions attendus ce
matin.
Comme redouté, la nuit
dernière a été bien agitée et nombreux sont ceux
qui peuvent raconter que la mer a rangé leur
chambre à 02h30 !
Malgré la stabilisation, les vagues et le vent
ont gagné. Heureusement que nous ne sommes pas
sur un aviso…
Ce matin, le chenalage d’entrée de la baie de
Tokyo a commencé comme prévu par un temps
épouvantable. On n’y voyait goutte et le vent
soufflait encore si fort que nous progressions
souvent avec 15 ou 20 degrés de dérive.
Je peux vous dire que c’est vraiment
impressionnant, surtout lorsque le passage se
resserre et que la proue pointe vers la terre.
Quelques minutes avant d’embarquer le pilote de
port, nous avons appris qu’il nous faudrait
mouiller avant d’entrer, puis que tous les
mouvements de la journée étaient annulés en
raison du vent trop important.
Nous avons donc rejoint l’emplacement assigné et
pris notre place au milieu des très nombreux
infortunés arrivés avant nous. Mais le vent
soufflait si fort (plus de 110km/h avec des
rafales) que nous n’avons pas réussi à « faire
tête ». Avec une longueur de chaîne trois fois
supérieure à l’habitude, le BPC « chassait »
immédiatement malgré la nature favorable du
fond. Il a fallu rassembler toutes les
connaissances des électriciens pour trouver au
fin fond des ressources du pilote automatique la
petite astuce qui nous a permis d’aider l’ancre
et de passer une nuit tranquille…
Pendant ce temps, ayant constaté que nos
téléphones portables ne fonctionnent pas bien au
Japon, nous avons essayé de contacter l’attaché
de défense pour remodeler le programme, annuler
ce qui pouvait l’être et reprogrammer la visite
du ministre de la défense japonais.
Finalement, comme le déjeuner officiel n’avait
pu être réalisé, nous avons improvisé un dîner
de gala en remplaçant les invités par autant de
marins issus de toutes les catégories de
personnel.
La soirée s’est achevée au carré commandant avec
les second-maîtres Guillotin et Sausseau, nos
deux cuisiniers félicités chaleureusement par
tous.
Source Gilles Humeau |
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8 avril 2008
Le Mistral et le Dupleix retardés par la
météo. En raison des mauvaises conditions météorologiques régnant
sur le Japon, le Mistral et le Dupleix accosteront dans le port de
Yokosuka (près de Tokyo) avec 24 heures de retard.
Source Web |
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Escale au Japon à
Tokyo |
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Lundi 14 avril 2008
Nous descendons toujours
le long des îles japonaises vers le Sud de
Kyushu. Dans la soirée nous devrions quitter
l’océan Pacifique et retrouver la mer de Chine
du Nord, route à l’ouest vers l’estuaire du
Yangze.
Nous descendons toujours
le long des îles japonaises vers le Sud de
Kyushu. Dans la soirée nous devrions quitter
l’océan Pacifique et retrouver la mer de Chine
du Nord, route à l’ouest vers l’estuaire du
Yangze.
Ce matin, le branlebas décalé a permis à tous de
remonter la pente et je peux vous dire que le
moral est en hausse. Les marins racontent et
commentent leur séjour à Tokyo, vraiment
dépaysant et exotique. Leur impression est
globalement positive malgré la relative cherté
de la vie qui rejoint souvent les prix
métropolitains. Cette « rêverie d’escale » se
traduit par un certain engourdissement lorsqu’il
s’agit de retrouver les automatismes de lutte
sécurité ou le rappel au poste de combat… Il
faut se concentrer sur les « basiques » et, sur
le métier une fois encore, remettre l’ouvrage !
Cet après-midi, nous changions d’heure, mais
cette fois-ci dans le bon sens. L’heure H
nouvelle nous accompagnera jusqu’à
l’appareillage de Port Kelang dans deux
semaines. Nous avons ainsi six heures de
décalage avec vous.
Cet après-midi, profitant de ce que les eaux
territoriales japonaises sont encore loin devant
nous, les hélicoptères du groupe aérien ont
repris l’entraînement. Pour la première fois
depuis longtemps les trois machines volaient en
même temps, et surtout ensemble pour des
manœuvres en formation. Il s’agit pour les
pilotes de développer leur sens du vol relatif,
leur technicité et leur finesse de pilotage.
Ce soir, nous avons donc changé de mer et
découvert par la même occasion le courant marin
puissant qui s’enfile le long de la côte
chinoise et se divise en deux branches de part
et d’autre de la péninsule coréenne. Il peut
être comparé au « gulf stream » que nous
connaissons mieux.
Source Gilles Humeau |
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Mardi 15 avril 2008
Le décor a bien changé
autour de nous. Après le vent violent, la mer
s’est bien calmée et diffuse ce soir des reflets
moirés.
Le décor a bien changé
autour de nous. Après le vent violent, la mer
s’est bien calmée et diffuse ce soir des reflets
moirés. Sa couleur, également bien différente,
vire vers un gris jaune. La transparence
habituelle de l’océan a disparu et nous sentons
que les eaux limoneuses du Yangze Kiang sont
proches. D’ailleurs, les pêcheurs se sont
multipliés à la faveur d’une eau poissonneuse et
de fonds peu importants. Et brutalement la
température a chuté en début d’après-midi. La
mer a perdu six degrés en deux heures lorsque
nous avons quitté le courant chaud venant du Sud
! Naturellement, le brouillard s’est levé qui
ajoute à l’atmosphère curieuse du lieu.
Ce matin, l’entraînement de l’équipage portait
sur la guerre bactériologique et chimique. Nous
avons ainsi calculé des diagrammes de retombées
radioactives, dessiné des « plumes » de
dissémination des particules et mis le BPC en
surpression. Il s’en est suivi un rappel au
poste de repli dans les fonds du bâtiment, sous
la ligne de flottaison et entre les caisses de
liquides propices à la protection contre les
flux neutroniques.
Cet après-midi, le Lynx du Dupleix nous a déposé
le commandant B.Hede Haouy de la flottille 31F,
venu inspecter le détachement Alouette à bord.
Il repartira de Shanghaï. Dans la soirée, notre
groupe a retrouvé sa cohésion et nous slalomons
entre les pêcheurs vers le sud-ouest.
La nuit sera courte pour ceux qui font du quart,
puisque nous chenalerons pendant sept heures
demain, avant d’accoster.
Source Gilles Humeau |
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Escale en chine à
Shanghai du 16 au 21 avril 2008 |
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Lundi 21 avril 2008
De bon matin, comme lors
de notre accostage mercredi dernier, une
délégation chinoise tenait à nous dire au
revoir.
De bon matin, comme lors
de notre accostage mercredi dernier, une
délégation chinoise tenait à nous dire au
revoir. Les deux commandants se sont donc
retrouvés pour un dernier échange de cadeaux
symboliques sur le quai, juste après le départ,
cartons sous le bras, de madame Détrée vers le
Dupleix et l’arrivée à bord du contre-amiral
Maurice qui devait suivre l’exercice à partir du
Mistral.
A l’appareillage, j’ai trouvé que le pilote
était beaucoup plus détendu que lors de notre
arrivée. Plaisantant volontiers, il nous a
laissés faire malgré la complexité de la
manœuvre, la densité de péniches et les
nombreuses barges circulant sur la rivière. Le
courant passait. Heureusement pourtant, la
police fluviale était à l’œuvre, car il fallait
surtout accepter de « passer en force » !
Peu après nous avons rejoint deux bâtiments
chinois, une frégate et un navire amphibie. La
première partie de l’exercice consistait à
mouiller en formation dans le fleuve pour
conduire un échange de personnels. Nous avions
en effet envoyé trente français sur le bâtiment
amphibie et accueilli trente commandos marine
chinois à notre bord. Une première !
Le mouillage n’a guère été facile en raison du
fort courant dans le fleuve. L’ancre chassait,
comme l’autre jour à Tokyo. Finalement, les deux
CTM ont appareillé comme prévu et déposé leurs
chargements sur le bâtiment chinois.
Pendant ce temps, deux hélicoptères Helix, un
modèle originaire d’URSS, se sont présentés à
l’appontage. Deux belles passes, foi
d’aéronaute, qui permettent d’envisager
sereinement la conduite d’opérations aériennes
communes à partir de nos plates-formes. En guise
de réciprocité, le Lynx du Dupleix est allé se
poser sur la frégate chinoise, bientôt suivi de
notre Alouette transférant ALPACI et sa garde
rapprochée.
Vers midi enfin, après avoir débarqué notre
pilote et les derniers interprètes, le convoi
s’est ébranlé vers la haute mer. La route
ouverte par le navire amiral (il faudrait plutôt
dire « amiraux » !) filait entre les très
nombreux navires de commerce de tous acabits qui
peuplent le fleuve Yangze. En chemin, des
exercices de transmission en Scott ont confirmé
l’aptitude des deux marines à communiquer
simplement.
Nous nous sommes quittés en fin d’après midi,
contents de notre journée et des perspectives
qu’ouvre cette nouvelle coopération, dans le
cadre d’opérations humanitaires par exemple. Qui
aurait imaginé pareil exercice il y a dix ans ?
Ce soir, nous nous faufilons entre les bâtiments
de pêche extrêmement nombreux qui déposent leurs
filets jusque dans les chenaux . La nuit est
d’encre et j’ai hâte de sortir de cette nasse
pour dormir un peu…
Source Gilles Humeau |
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Mardi 22 avril 2008
Peu à peu nous
progressons vers le Sud et dès ce soir, les
premiers signes d’un retour à la normale de nos
transmissions se sont manifestés. Les antennes
captent et « poursuivent » le satellite.
Peu à peu nous
progressons vers le Sud et dès ce soir, les
premiers signes d’un retour à la normale de nos
transmissions se sont manifestés. Les antennes
captent et « poursuivent » le satellite. Déjà
les communications téléphoniques passent et
quelques mails se frayent un chemin vers nos
ordinateurs. C’est pour le groupe un retour vers
le vingt-et-unième siècle après trois semaines
bénies pendant lesquelles l’excuse était facile
pour éviter les importuns !
Nous avons en effet franchi le Nord de l’île de
Formose, cette autre Chine plus occidentalisée.
Mais je vous rassure, les pêcheurs sont aussi
nombreux dès que les fonds remontent…Un vrai
gymkhana !
A bord, le thème à la mode est sans conteste le
franchissement de la Ligne avant d’embouquer le
détroit de Malacca. Les néophytes tremblent face
aux sarcasmes des dignitaires qui leur prédisent
le pire sur un ton mi-rigolard, mi-sadique. Les
images d’Epinal font surface et on croise çà et
là un marin plus ou moins jeune, affublé d’un
grand « N » sur le front. Parmi eux, des gens
étonnants comme le capitaine d’armes ou monsieur
le médecin, alors que quelques jeunes ont eu la
chance de devenir dignitaires lors de leur
premier embarquement.
Plus discrètement, les « néos » fomentent la
révolte qui ne manquera pas de déclencher les
foudres de Neptune et la correction des «
gendarmes» ou des « sauvages »… Il faut dire
qu’ils sont nombreux à n’avoir jamais franchi
cette Ligne fatidique. La pression monte de
toutes parts qui ne faiblira plus avant l’heure
H.
Source Gilles Humeau |
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Mercredi 23 avril 2008
Dans cette atmosphère de
terreur festive, la vie normale continue et
c’était aujourd’hui la « Chambre », c’est à dire
la communication de la notation annuelle.
Dans cette atmosphère de
terreur festive, la vie normale continue et
c’était aujourd’hui la « Chambre », c’est à dire
la communication de la notation annuelle. Peu
d’activité donc, et quelques files d’attente
devant les bureaux des notateurs. Nous sommes
sortis du détroit de Formose en fin de matinée
et faisons route vers Hong-Kong que nous
atteindrons demain.
Au sein de l’état major, la question du plan de
ravitaillement agite les esprits. L’objectif est
de quitter la Malaisie avec suffisamment de
carburant pour rejoindre Abu Dhabi sans refaire
les pleins. Il faut être prêt à tout.
Différentes options sont étudiées selon les
possibilités de trouver du pétrole à Port Kelang
ou non. La plus sage consisterait à s’arrêter à
Singapour en passant, mais cela reviendrait à
abandonner l’idée de franchir la Ligne. La
réponse viendra de Paris demain. Patience !
Source Gilles Humau |
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Jeudi 24 avril 2008
En guise de bienvenue en
zone intertropicale de convergence, la météo
nous avait gratifié d’un temps breton pour notre
arrivée devant Hong Kong ce matin.
En guise de bienvenue en
zone intertropicale de convergence, la météo
nous avait gratifié d’un temps breton pour notre
arrivée devant Hong Kong ce matin. Nous
effectuions un exercice avec un hélicoptère
Super Puma des forces de sécurité de ce
territoire particulier, exception curieuse du
monde chinois. En effet, depuis la rétrocession
par le Royaume Uni en 1999, Hong-Kong appartient
à part entière à la république populaire de
Chine, mais jouit d’un statut original. Le
territoire est autonome en tout (économie, état
civil, monnaie, sécurité,…), sauf en ce qui
concerne la défense. Ainsi par exemple, les
habitants qui veulent se rendre en Chine doivent
obtenir un visa et il paraît que la frontière
est étroitement surveillée. De plus, comme
autrefois, Hong Kong s’apparente à un paradis
fiscal qui attire bon nombre d’industriels et
poursuit la réputation de la période anglaise.
Pendant l’entraînement du Puma, nous avons
accueilli à bord l’attaché naval que nous avions
rencontré à Shanghai, mais aussi monsieur
Ramage, adjoint au consul de France à Hong-Kong
et monsieur Bernard, conseiller économique. Ils
avaient l’air ravis de leur expédition, d’autant
que monsieur Ramage est un camarade du
commandant Jubelin, l’ancien commandant. Nous
les avons vus disparaître dans la poisse collée
à la mer et repris notre route vers le Sud.
Entre deux grains et à la faveur d’une
éclaircie, les artilleurs ont tout de même pu
tirer cet après-midi… Pas facile quant la houle
se met de la partie ! Mais surtout, sachez que
Neptune a gagné ! Sa hire compréhensible de voir
arriver autant de néophytes puants dans son
royaume de la Ligne était telle que nous avons
renoncé à l’entreprise qui sera reportée à une
occasion plus favorable… Plus sérieusement, la
confirmation de notre ravitaillement à Singapour
est arrivée et il nous est impossible de faire
le détour. Les néos, mi-déçus, mi-soulagés, ne
tremblent plus !
Source Gilles Humeau |
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Vendredi 25 avril 2008
La fête de notre
météorologiste continue ! Depuis trois jours en
effet il nous prévoit une belle journée pour
demain et se voit contredit par les nuages, le
vent et la mer. Pauvre de lui, l’art est
vraiment difficile, surtout dans ces zones mal
connues et à cette période de l’année ou les
phénomènes violents se font et se défont sans
logique établie… En revanche, il excelle à nous
expliquer a posteriori pourquoi Eole ne lui
obéit pas ! Maigre consolation quand il fait
mauvais…
Heureusement pour sa fierté, le soleil a fait
son apparition cet après-midi, comme pour
favoriser le Dupleix qui conduisait un exercice
majeur de sécurité. Pour nous, l’objectif
consistait à l’assister avec du matériel et du
personnel. Comme la mer était encore formée,
nous avons acheminé l’ensemble par hélicoptères
et organisé un ballet aérien alternant les
appontages de Gazelle et les transferts de
matériel sous élingue par Alouette. Quelques
veinards ont donc gagné deux vols d’hélicoptère
parce qu’ils faisaient partie des pompiers
disponibles au bon moment ! Parmi eux, le second
maître Gelys semblait absolument ravi.
Par ailleurs, nous avons également quitté ce
matin la zone de responsabilité d’ALPACI et
retrouvé celle d’ALINDIEN. Le monde est ainsi
partagé en théâtres géographiques dans
lesquelles les amiraux se partagent le «
contrôle opérationnel », c’est à dire le support
d’un spécialiste de la zone pour faciliter les
opérations en cours. Et je vous prie de croire
que c’est précieux, comme lors de l’évacuation
sanitaire du marin du Dupleix le mois dernier.
Notre petite force longe en ce moment le Sud du
Vietnam et la température augmente sensiblement.
Nous avons gagné 10 degrés en moyenne depuis
Shanghai.
Source Gilles Humeau |
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Samedi 26 avril 2008
Après avoir participé
par hélicoptères interposés à l’exercice
sécurité du Dupleix hier, nous conduisions
aujourd’hui un Macopex à bord, c’est à dire un
entraînement au maintien des capacités
opérationnelles du bâtiment au combat.
Plus simplement, lorsque
l’ennemi frappe, il n’est pas question de tout
laisser tomber pour éteindre un feu mineur.
Les actions à mener dépendent donc de la
priorité définie par le commandant en fonction
de la situation opérationnelle du moment. Et je
vous assure que cela demande de l’entraînement !
Dans ce genre d’exercice, tout commence par une
mise en situation, suivie par une attaque d’un
ennemi fictif qui crée un certain désordre dans
le bord.
L’organisation MACOPS est alors mise en œuvre
pour redresser la situation.
Le thème du jour concernait la lutte contre les
voies d’eau.
Et de l’eau, je vous assure que nous en avons eu
!
Le Mistral a en effet traversé bon nombre de
grains équatoriaux qui ont rincé les
superstructures comme jamais.
A certains moments, la visibilité était si
mauvaise que nous avons même du annuler
l’exercice de tir prévu cet après-midi avec le
Dupleix.
Enfin, ce soir, à la faveur d’une éclaircie, le
détachement de la 35F a pu remettre son Alouette
en vol, et ainsi récompenser le travail acharné
des techniciens toute la nuit dernière.
Source Gilles Humeau |
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Dimanche 27 avril 2008
Cette fois-ci le
météorologiste avait vu juste ! Pour un dimanche
à la mer, nous avons ouvert les yeux sur une mer
bien bleue qui tranchait avec le gris de ces
derniers jours, mais surtout sur un horizon bien
net.
Imaginez-vous que les
cargos étaient visibles à l’œil nu à plus de
30km !
Comme d’habitude, le père a dit sa messe assez
tôt pour se rendre sur le Dupleix vers dix
heures.
Peu de temps après, la troisième compagnie,
celle des cuisiniers, organisait le barbecue,
et, une fois n’est pas coutume, à midi.
Au menu, poissons en tous genres et gambas
royales… Un festin pour les amateurs !
L’ensemble de la compagnie s’était donné le mot
pour arborer des coiffures diverses.
Les casquettes « Mao » rapportées de Chine
côtoyaient les bandeaux de Kamikazes, les
chapeaux à large bord des îles ou ceux plus
pointus des agriculteurs des rizières.
Le commissaire, quant à lui exhibait un superbe
couvre-chef kirghize rapporté de ses dernières
vacances.
Cet après-midi, le tournoi sportif habituel a
repris. Le sport à la mode était le volley ball.
Dans la soirée enfin, l’aumônier et madame
Détrée sont rentrés du Dupleix.
Nous croisons ce soir dans les parages des îles
Spratley, disputées entre les états de la région
comme le Vietnam, l’Indonésie et la Malaisie.
Mais rassurez-vous, les pêcheurs n’en savent pas
grand chose…
Source Gilles Humeau |
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Lundi 28 avril 2008
Comme pour confirmer le
retour en grâce du premier maître
météorologiste, nous avons bénéficié d’un temps
radieux, d’une visibilité exceptionnelle, mais
commencé un peu tôt (06h40) pour permettre à
l’Alouette de faire un dernier vol de réglage
avant de décoller pour une navigation en
Indonésie à 08h.
Inutile de vous préciser
que le détachement était soulagé au verdict des
pilotes ! Et pour tenter de nous convaincre s’il
en était encore besoin de sa santé retrouvée,
notre « Guépard » (indicatif de la flottille
35F) s’est ensuite offert un dernier vol vers
midi pour prendre en photo les Dauphin des
gardes-côtes malaisiens venus s’entraîner à
l’appontage sur le Mistral.
Plus encore, avec la surenchère de ceux à qui
tout réussit, elle a encore tenté un quatrième
tour ce soir, malheureusement annulé au dernier
moment en raison d’une zone interdite et
incontournable. A son âge !
Pour illustrer cette belle journée aéronautique,
la Gazelle a également participé à un vol ce
matin, avant de desserrer à terre avec les
Dauphin. Elle reviendra à bord demain soir dans
le détroit de Malacca.
Ainsi, le pont d’envol a-t-il retrouvé un air
guilleret aujourd’hui et nos PONEV également
malgré les reproches sporadiques du premier
maître Chalard lorsqu’ils s’adossaient sur la
muraille de l’îlot.
Notre directeur aboyait pourtant délicatement,
tout ému par la victoire de La Rochelle sur
Toulon hier soir au rugby…
Ce soir, nous avons retrouvé l’autoroute
maritime la plus fréquentée au monde et réussi à
prendre la « sortie de Changhi », juste avant
Singapour.
Là, les bâtiments de tous acabits viennent
ravitailler au mouillage.
Point de plan précis, le tout est de trouver une
position libre, à l’extérieur des limites du
port, de préférence hors des chenaux et d’y
mouiller.
Les barges arrivent ensuite à la position GPS
transmise.
Et cette fois, le mouillage a tenu du premier
coup !
Source Gilles Humeau |
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Mardi 29 avril 2008
Si nous étions assez
enthousiastes hier soir de nous être ainsi mis à
l’abri pour la nuit, les mécaniciens l’étaient
moins ce matin après une nuit pénible à
ravitailler.
Il faut vous expliquer
que l’opération a été particulièrement longue
compte tenu du débit limité de la citerne et de
la quantité de gazole à ravitailler.
Nous sommes maintenant pratiquement au plein
complet et ne devrions plus avoir à ravitailler
qu’une seule fois (et encore ?) avant Toulon.
Imaginez-vous que nous avions fait le plein à
Singapour la dernière fois voici un mois et que
nous avions encore une bonne moitié des
réservoirs pleins.
Nous avons ainsi fini à l’heure du déjeuner,
juste à temps pour repartir dans de bonnes
conditions vers Port Klang que nous atteindrons
demain matin.
Cela dit, la matinée n’a pas été perdue pour
tout le monde puisque notre dentiste a reçu un
patient du Dupleix et qu’un second maître
fusilier a réussi à passer en mer les épreuves
physiques nécessaires pour valider un dossier de
demande de cours commando.
Au menu, deux courses (1500m et 8000m)
enchaînées et une petite séance de natation se
terminant par une plongée en apnée.
Le pauvre a failli ne pas pouvoir tout réaliser
tant le courant était fort autour du bâtiment !
Et puis j’allais oublier de vous dire que le
tout s’effectue en treillis de combat avec des
pataugas, sans parler du paquetage de onze kilos
indispensable pour courir, et de l’arme dont il
est indécent de se séparer… ! Mission réussie,
le dossier est parti.
Pour conclure cette halte technique bien
remplie, le Dupleix et le Mistral ont appareillé
en formation, et pour prouver leur habitude à
travailler ensemble ont réussi la performance
d’avoir leurs ancres « hautes et claires » à la
même seconde !
Nul n’est à l’abri d’un coup de c…huut !
Source Gilles Humeau |
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