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Actualités
2008
- Spécial Mission en Océan Indien
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Journal de bord
Suivez la mission sur le site
officiel Équipage
http://bpcmistral.fr/
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Partie 3 -
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Mercredi 30 avril 2008
Escale à Port Klang (Malaisie) /
Journal de Bord |
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Dimanche 4 mai 2008
Nous avons progressé
toute la journée vers le Nord, mais à la
différence des autres jours, la densité des
pêcheurs a nettement diminué, ce qui facilite le
travail des équipes passerelle.
La météorologie était
aujourd’hui fort agréable et propice au repos de
l’équipage, mais également à l’organisation du
traditionnel barbecue organisé cette fois-ci par
les fusiliers et le service courant. Il a permis
d’agréger l’équipage maintenant étendu. Parmi
les nouveaux arrivés, quelques officiers anglais
renforcent l’état- major à dominante
humanitaire. Nous disposons en effet d’une
cellule complète spécialisée dans les opérations
civilo-militaires, c’est à dire capables
d’apprécier le rôle possible des militaires dans
la société civile et l’impact de ladite société
sur les opérations militaires. A ses côtés,
quelques marins pompiers de Marseille apportent
leur expertise des catastrophes en tous genres.
Que cela soit lors des accidents de la route,
dans les zones ravagées par des incendies ou par
des tempêtes violentes, ils sont là et apportent
un savoir-faire reconnu. Ils sont complétés par
un élément de régiment médical de l’armée de
terre et par quelques logisticiens. Pour les
mécaniciens du bord en revanche, ce dimanche
aura comporté un travail soutenu pour dépanner
l’ascenseur et changer la pompe à injection d’un
diesel alternateur que le chef veut « pousser »
avant une visite importante. Enfin, le thème
sportif du jour était encore le badminton,
histoire pour le commandant en second de
profiter du départ de l’adjudant Trobrillant
pour se refaire…Mais d’autres étoiles ont
profité de l’entraînement et il a du se
satisfaire d’une quatrième place. La palme aux
EV Simeoni et de Villepin. Maigre consolation,
ce sont tout de même des marins qui ont gagné…
Source Gilles Humeau |
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Lundi 5 mai 2008
Le groupe amphibie a
franchi aujourd’hui le « canal des 10 degrés
nord » qui permet d’accéder au Golfe du Bengale.
Il se situe entre les
îles Andaman au Nord et les îles Nicobar au Sud.
Pour saluer l’arrivée des bâtiments, la houle du
Sud s’est levée et nous berce de ses mouvements
encore doux. Nous nous avançons doucement sous
la queue du cyclone Nargis dont les effets
désastreux sont reportés dans les journaux.
J’espère que la mer restera maniable. L’activité
du jour comprenait une remise en jambes des
chaînes fonctionnelles, histoire de ne pas
perdre les bons réflexes. Ainsi du SECUREX
majeur qui s’est déroulé ce matin. A l’origine,
un feu de rien du tout, peu alarmant. Très vite,
une extension du sinistre a contraint le
directeur de lutte à demander un tel renfort
qu’il a fallu rappeler au poste de sécurité.
Rassurez-vous, avec l’énergie de tout
l’équipage, les générateurs de fumées ont eu du
fil à retordre et tout est rentré dans l’ordre !
Les mouvements d’hélicoptère ont également
permis aux aéronautes de se remettre en jambes,
mais pour une courte durée seulement puisque
nous déplorons ce soir des pannes sur deux
d’entre eux. Vous savez peut-être en effet qu’«
un avion qui vole ne tombe pas en panne »… Il
fallait donc nous y attendre après presque 4
journées sans vol en escale ! En milieu de
journée, notre COMOPS, le capitaine de frégate
Majoufre a appris la naissance de sa deuxième
fille, Aurore, que nous saluons dans la famille.
Tous nos vœux de prompt rétablissement
accompagnent sa Maman. Ce soir, les informations
collectées sur Internet évoquant le bilan
provisoire du cyclone Nargis se sont répandues
comme une traînée de poudre, tant au sein de
l’état major, que sur le Mistral et le Dupleix.
Considérant que nous allons effectuer un
exercice d’assistance humanitaire avec les
Indiens, nous tombons comme du pain béni pour
intervenir au profit des sinistrés. Les
questions posées au centre parisien des
opérations interarmées n’ont pourtant pas
soulevé un enthousiasme particulier et, après
quatre heures de route au Nord « au cas où », la
force a repris sa route vers Madras.
Source Gilles Humeau |
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Mardi 6 mai 2008
Notre progression se
poursuit dans le golfe du Bengale, dos à la
Birmanie qui monopolise toute l’attention de
l’équipage.
Chacun se pose la
question de la décence qu’il y aurait à mener un
exercice humanitaire à deux jours de mer d’un
pays ou les gens meurent par milliers. Alors
pour nous tenir prêts au cas où, les différents
services et chaînes fonctionnelles du bâtiment,
mais aussi de l’état major embarqué, font le
point sur le matériel, les capacités présentes à
bord, ce qui pourrait être rapidement remis en
état ou simplement sur les stocks d’eau, de
médicaments. Les passerelles font le bilan des
cartes présentes, les timoniers calculent les
hauteurs d’eau ou scrutent les comptes-rendus
des rares escales connues à Rangoon. Les plus
audacieux échafaudent des plans, mais rien ne
bouge ! Les informations glanées sur Internet ce
soir ont enfin permis de comprendre que ce pays
fermé ne souhaite pas d’aide, tout comme lors du
Tsunami. Il nous reste donc à peaufiner notre
capacité à nous reconfigurer, et pourquoi pas en
coopération avec les Indiens en lieu et place de
l’exercice Varuna ? Alors, même sans cœur à
l’ouvrage, nous avons poursuivi notre
entraînement et les mécaniciens étaient à
l’honneur pour une fois dans un exercice de
conduite de la machine en grand secours. Pendant
ce temps, l’inspection de tranche des logements
du pont quatre a permis de souligner que chacun
des marins s’attache à améliorer son cadre de
vie. Malgré l’absence de bureaux dédiés dans les
chambrées, nombreux sont ceux qui ont
confectionné des étagères pour des ordinateurs
portables, un petit coin pour ne pas oublier la
famille, les amis ou simplement les dernières
vacances. Les bricolages sont également au
rendez-vous pour faciliter le rangement,
installer un poste de télévision ou une
bouilloire. Tout n’est pas toujours fait dans
les normes, au grand damne des responsables de
la sécurité, mais il ne faut pas se voiler la
face. Même les BPC doivent évoluer avec leurs
équipages ! Nous étudierons ces besoins avec
attention.
Source Gilles Humeau |
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Mercredi 7 mai 2008
Personne à bord n’ignore
désormais la situation birmane et l’aggravation
exponentielle du bilan humain de cette
catastrophe.
Pour tout vous dire,
l’énergie disponible pour préparer Varuna, notre
exercice à venir avec les Indiens, chute
notablement. Pour exemple, le gros de
l’état-major embarqué s’occupe du Myanmar tandis
que la cellule Varuna a vu son activité
diminuer. Pour les excuser, le thème tactique
est le même et les modes d’action sont
similaires… De même, l’incompréhension de
l’équipage est palpable devant ce qui apparaît
comme une absence de décision. Et pour ne rien
arranger, Internet était indisponible
aujourd’hui. Nous étions donc sourds lorsque
l’actualité internationale se tournait vers le
golfe du Bengale, chez nous... Pour finir la
traversée en beauté, notre dernier changement
d’heure de la traversée, de trente minutes
seulement, nous a fait rallier le temps indien.
En revanche, la mer était trop mauvaise pour
effectuer l’exercice de mécanisation amphibie
que les équipages des chalands réclament très
justement. Ce soir, le briefing d’escale
ressemblait un peu à une veillée d’armes, tant
le programme des deux jours à venir est chargé.
Ce n’est pas bien grave, nous reviendrons la
semaine prochaine
Source Gilles Humeau |
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Jeudi 8 mai 2008
Changement de décor ce
matin à l’arrivée dans le port de Madras,
aujourd’hui officiellement appelée Chennaï.
Il s’agit du plus grand
port de la région du Tamil Nadu. Les
infrastructures séparent en fait de nombreux
bassins communiquant par des passes intérieures
peu larges. Changement de ton également dans
l’information internationale récupérée avec le
rétablissement de la connexion Internet sur les
ordinateurs. Nous comprenons mieux à présent la
position française en butte à l’interdiction
birmane d’accepter des étrangers sur son sol,
quand bien même ils apportent leur aide aux
birmans sinistrés. Quoi qu’il en soit, dès ce
matin, la déclaration de monsieur Kouchner hier
soir nous a confirmés dans la nécessité de
préparer une reconfiguration de Varuna. Et cet
après-midi, la décision de retirer le Mistral de
l’exercice est arrivée. Heureusement qu’il
restera le Dupleix ! Pendant ce temps, l’escale
commençait sur des chapeaux de roues. Visite
officielle, visite retour à bord, déjeuner
officiel et préparation des stands industriels
pour le traditionnel « Soutex ». La partie la
plus difficile fut sans doute d’annoncer aux
Indiens, très chaleureux, que nous nous
retirions de l’exercice, peu avant la réception
donnée par eux en notre honneur. A bord, dès cet
après-midi, les cartes du Myanmar sont sorties,
l’organisation de l’état major a été modifiée
pour tenir compte de l’absence des Indiens aux
postes prévus et les premières réunions de
planification ont commencé. La mission est
tombée ce soir. Elle est placée sous la
direction du ministère des affaires étrangères
et de la Direction pour l’Action Humanitaire (DAH),
dont la présidente est déjà connue du Mistral
pour avoir travaillé à bord pendant l’opération
Baliste en 2006. Nous devrons acheminer de
l’aide humanitaire, principalement du riz, vers
la Birmanie. Nous n’en savons pas beaucoup plus,
les questions partiront demain matin pour
arriver sur les bureaux parisiens avant le début
de la journée (vive le décalage horaire dans ce
sens là !). Il nous faut nous décider assez vite
pour quantifier ce que le BPC est capable
d’acheminer. Nos références libanaises
s’établissent à un peu plus de 500 palettes,
mais nous sommes moins nombreux. Il faudra faire
bien davantage, mais on touche ici à la
perception subjective des marins affectés qui ne
peuvent fonder leur « chiffre » sur une analyse
mathématique inattaquable. Alors, 1000, 2000 ?
Ce sera 1500 palettes, avec une petite marge au
cas ou. Prompts à anticiper la demande, les
limiers du Mistral ont commencé à répertorier
les matériels de première nécessité à acheter
pour répondre aux exigences de la mission et
passé commande de sangles, filets et autres sacs
à gravats. Quelque soit la tâche à accomplir,
cela servira.
Source Gilles Humeau |
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Vendredi 9 mai 2008
Au réveil, les bruits
courraient déjà que le ministre avait annoncé
l’envoi de bâtiments militaires vers la
Birmanie.
Alors que les
industriels préparaient leurs stands, que la
conférence de planification finale de l’exercice
Varuna se déroulait, une partie du bord
préparait le coquetèle de ce soir et les bureaux
des « grands barons » bruissaient de mille
questions, coups de fil et autres réunions de
spécialistes. Tout partait dans tous les sens
pour tenter de lancer la mécanique militaire au
service d’un nouveau métier. Surtout ne rien
oublier, anticiper des évolutions possibles de
la mission, faire préciser les termes du mandat,
toujours et encore se tenir prêts. Ainsi, à
peine 24 heures après le déclenchement de
l’opération, il était établi que nous
transporterions des « kits » familiaux composés
de riz, d’une gamelle pour le préparer, de
bidons, de tentes et de moustiquaires, sans
oublier les comprimés de purification de l’eau.
Restait encore à lancer l’approvisionnement sur
place… C’est le nouveau métier de Madame Ayet,
consul général de France à Pondichéry, qui devra
courir la ville, départager les fournisseurs
plus ou moins crédibles, dénicher l’introuvable,
choisir les casseroles, commander des dizaines
de milliers de toiles de bâche, j’en passe… Dans
le même temps, les visites du bord n’ont pas
arrêté pour autant. Je vous prie de croire que
l’énergie dépensée aujourd’hui a bien fatigué
l’équipage. Les permissionnaires sont rares ce
soir, et le coquetel n’est pas le seul
responsable.
Source Gilles Humeau |
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Samedi 10 mai 2008
L’appareillage prévu
initialement ce matin pour l’exercice Varuna
avait été décalé d’une journée pour permettre la
reconfiguration liée à notre retrait.
Nous avons donc passé la
journée à affiner notre action, à prospecter
dans la ville pour identifier des matériels en
liaison avec l’équipe du consulat et celle de
l’attaché de défense. Déjà dans l’après-midi,
les premières livraisons arrivaient. Nous avons
ainsi chargé près de 90 palettes d’eau en
bouteilles, des gants de manutention, des
rouleaux de bâche plastique, et deux «
transpalettes » supplémentaires pour nous aider
à ranger le fret. Et comme il n’était pas
possible de rester à quai dans ce port civil
soumis aux règles commerciales, nous avons du
appareiller à la tombée de la nuit en laissant
le premier maître Bataille et le maître Samper
sur le quai. Ils sont chargés d’apporter leur
expertise technique à l’équipe consulaire pour
faciliter la collecte du fret humanitaire. Ils
seront rejoints ce soir par un détachement de la
sécurité civile arrivé de Paris. Nous voici donc
en mer, un peu comme prévu, mais l’objectif est
maintenant de reposer l’équipage pour avoir des
corps et des esprits frais lorsqu’il nous faudra
charger le bâtiment. L’état major planifie et
les services du bord ont redoublé d’efforts pour
peaufiner leurs matériels en vue de la mission.
Nous patrouillons à petite vitesse devant
Chennaï, parés à faire route vers le port dès
que les conditions seront réunies.
Source Gilles Humeau |
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Dimanche 11 mai 2008
Pour renouer avec
l’habitude prise lors de ce déploiement Gavial
08, le service du dimanche était en vigueur
aujourd’hui.
En revanche, comme je
sais que vous connaissez nos petits travers,
aucun sport particulier n’était à l’honneur.
Peut-être le commandant en second avait-il
décidé de ne plus tenter sa chance au badminton…
Mais je crois plutôt que la perspective de
l’opération qui se profile monopolise davantage
les esprits qu’il n’y paraît. A terre en effet,
il ne faisait sans doute pas bon être dimanche,
tant la course contre la montre engagée exigeait
de présence et d’engagement personnel. Les
nombreux coups de téléphone échangés avec nos
espions à la solde du consulat nous ont tenu en
haleine. Tour à tour, nous les avons suivis à la
découverte d’un gisement de gamelles et à la
recherche d’une grue de chantier introuvable ou
d’un chariot élévateur de petite dimension pour
manipuler les palettes à l’intérieur d’un CTM.
Ce fut ensuite la traque des marchands de riz
capables de fournir 400 tonnes en moins de 48
heures, le parcours du combattant administratif
pour obtenir l’autorisation du gouvernement
indien d’exporter une telle quantité de riz
alors que le marché est déficitaire. Ce sera
sans nul doute le chemin critique de notre
préparation.
Mais rassurez-vous, pendant ce temps
l’état-major embarqué a pris son régime de
croisière. Point de dimanche pour eux ! La
journée est ponctuée par des briefings et
rendez-vous qui accaparent également bon nombre
d’officiers et d’officiers mariniers du Mistral.
L’équipe se soude.
Et les autres me direz-vous ? Ils travaillaient
aussi d’arrache pied, je vous l’assure, car « un
marin qui se repose est un marin qui travaille
»… à pouvoir donner le meilleur de lui-même dans
les jours prochains !
Source Gilles Humeau |
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Mardi 13 mai 2008
J’ai également découvert
hier soir que les places à quai se distribuaient
en priorité aux bâtiments qui attendent depuis
le plus longtemps au mouillage.
C’et pourquoi j’ai
décidé de jeter l’ancre à proximité immédiate du
port ce matin. Notre présentation, en «
direction SENIN », c’est à dire comme si nous
n’y voyions rien à l’extérieur, avait de quoi
impressionner tant la densité de navires et
d’embarcations était importante. Je ne sais pas
si nous aurions tenté l’aventure dans des
conditions réelles de mauvaise visibilité… Mais
à la faveur du beau temps, le spectacle des
pêcheurs se précipitant dans le sillage pour
trouver du poisson était féerique. De partout
ils accouraient, dans toutes sortes
d’embarcations, au moteur ou avec un morceau de
planche en guise de pagaïe.
Le reste de la journée a été cadencé par des
annonces incohérentes fixant notre première
heure possible à quai, entre le milieu
d’après-midi et le lendemain. Pendant ce temps,
l’équipage avait reçu l’ordre de se reposer en
vue d’un travail nocturne harassant. Finalement,
le rappel au poste de manœuvre a sonné à la fin
du dîner et nous avons accosté sans encombres
vers 21 heures 30.
Peu après un rapide point de situation par le
commandant en second sur le quai, la première
demi-bordée composée de marins, de terriens, de
matelots, d’officiers supérieurs, de médecins,
de commandos ou de membres de l’état-major a
commencé les opérations de conditionnement du
fret. Le chargement ne pourra être entrepris que
demain matin (convention passée avec les dockers
locaux oblige).
Ce soir, seulement 100 tonnes de riz étaient
présentes dans l’entrepôt mis à notre
disposition. Une équipe d’Indiens avaient
commencé la mise en palettes, mais rien n’avait
été entrepris pour le reste du fret. Les
militaires, encadrés par des spécialistes de la
sécurité civile, ont donc confectionné des
palettes de toiles de tente, rempli des sacs à
gravats de sacs de riz, pour que le rythme de
chargement de demain ne faiblisse pas. La relève
aura lieu à deux heures du matin et la suivante
à six heures.
J’ai annoncé un appareillage demain avant la
nuit, qui, même s’il paraît irréaliste, a le
mérite de fixer un objectif motivant… Pourvu que
les 300 tonnes de riz attendues soient au
rendez-vous !
Source Gilles Humeau |
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Mercredi 14 mai 2008
Cette journée restera
vraisemblablement dans toutes les mémoires à
bord du Mistral comme le symbole de l’engagement
et de l’esprit d’équipage.
Elle peut également être
analysée à l’aune des résultats obtenus : Plus
de 1500 colis, palettes, sacs à gravats ont été
chargés à bord en quinze heures. De mémoire de
marin, il n’est pas sûr que ce soit déjà arrivé…
Et pourtant, cette journée mémorable a commencé
cahin-caha. Après une nuit de labeur à
conditionner les colis, la manutention, du
ressort des dockers indiens, devait commencer à
06h30 ce matin ; elle a débuté avec une
demi-heure de retard.
A 08h30 elle fut déjà interrompue par la visite
en grandes pompes du secrétaire général du
gouvernement pour la navigation. Cet homme
avenant a rang de ministre. Il a été reçu par
l’amiral après l’accueil tonitruant d’un
détachement de soldats indiens en grand
uniforme, coiffés d’un couvre-chef aussi coloré
que sa forme est curieuse. Une équipe de coolies
de la ville avait auparavant balayé le quai,
balisé une allée avec des cercles de craie
blanche, déroulé un triangle de tapis rouges
bordés par des plantes vertes en pots, déployé
une estrade et des cordelières. Nous l’avons
conduit à bord pour inaugurer le chargement,
avant de l’emmener au carré amiral pour un verre
de jus d’orange et la signature du livre d’or du
Mistral.
Heureusement, la suite a permis de rattraper du
retard malgré des règles de travail indiennes
que nous n’avions pas très bien comprises. En
effet, la journée est régulièrement interrompue
par une demi-heure de « Tea break » et la pause
méridienne est sacrée. Malheureusement, à chaque
reprise, le tempo monte très progressivement et
nombreux sont ceux qui ne reviennent pas.
Comme le pouvoir était vacant et que personne ne
s’y est opposé, nous avons fini par prendre la
main et assurer simultanément le conditionnement
des marchandises comme le chargement du Mistral.
Les équipes se sont succédées selon le rythme
établi par le commandant adjoint équipage et le
capitaine d’armes, mais à y bien regarder,
certains « doublaient », d’autres non prévus se
présentaient, comme presque tous les membres de
l’état major à commencer par leur COS (chef
d’état-major), le commandant adjoint opération,
l’aumônier et j’en passe. En fin de journée, les
demi-bordées étaient devenues obsolètes et je
vous assure que jamais la main d’œuvre n’a
manqué. Belle démonstration de l’esprit
d’équipage !
Au sein des équipes, je peux vous assurer que la
cadence était soutenue, surtout en regard des
conditions climatiques extrêmes qui régnaient
sur le quai.
J’ai profité de la présence de l’attaché naval
sur place pour aller dans l’après-midi au chevet
de madame Causalya Devi, notre consule honoraire
à Chennaï, éreintée par la préparation de nos
escales dans la ville et hospitalisée depuis
deux jours. A mon retour, les camions de riz
continuaient d’arriver, sans qu’il soit simple
de savoir ce qui devait encore être livré.
A ce moment, les discussions étaient animées sur
le quai puisque trois journalistes de France 24
venaient de découvrir qu’ils n’avaient pas de
visa de sortie d’Inde. L’habileté et les bonnes
relatons du consulat n’ont rien pu pour les
écervelés qui sont repartis avec leurs bagages.
C’est la fin de l’aventure pour eux.
Finalement, 500 tonnes de riz se sont présentées
à l’entrée du port, mais nous n’avions pas
l’autorisation d’en exporter autant.
En cours d’après-midi, une petite rupture de
charge due à l’attente d’un lot de 100 tonnes de
riz à la douane a détruit nos espoirs de
terminer tôt.
D’un commun accord avec le commandant en second,
nous avons déplacé notre objectif d’appareillage
à Minuit pour que le chiffre soit rond. A vrai
dire, nous n’y croyions pas beaucoup. Et
pourtant, dans les yeux des marins et des
soldats, creusés par la fatigue physique et
l’absence de sommeil, le regard brillait à
l’idée de donner encore le coup de collier qui
permettrait d’appareiller le 14 au lieu du 15.
Jusqu’au bout, nous avons déchargé des camions,
confectionné des sacs, virevolté avec les
élévateurs, optimisé la cadence des grues, mais
rien n’y a fait. Le dernier sac est monté à
minuit dix, alors que l’équipage était déjà au
poste de manœuvre. A minuit et quart tout était
paré pour l’appareillage, il ne manquait que le
pilote et les lamaneurs sur le quai…
Sur le quai, nous avons laissé quelques membres
d’équipage qui rentreront en France cette nuit.
Parmi eux, l’enseigne de vaisseau de Villepin,
mais aussi quelques réservistes qui tiendront
compagnie aux six membres de la sécurité civile
qui auraient pourtant bien eu leur place à bord…
Mais le ministère de l’intérieur en a décidé
autrement ! Enfin, l’attaché naval et son
adjoint devaient être contents de nous voir
disparaître… Enfin du repos !
J’ai donc perdu mon pari puisque le Mistral
s’est élancé à minuit et demie, mais je garde un
souvenir édifié des hommes et des femmes qui ont
tout donné d’eux-mêmes aujourd’hui.
A la passerelle, dès après le poste de manœuvre,
alors que le bord dormait déjà, Stéphane Fort,
le journaliste bien connu des auditeurs de
France Info et France Inter, commençait son
travail…
Source Gilles Humeau |
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Jeudi 15 mai 2008
Compte tenu de
l’activité d’hier, le branlebas n’a sonné qu’à
neuf heures ce matin, sauf naturellement pour
l’état-major dont le rythme de travail reste
invariable en toutes circonstances.
Au menu de la journée,
l’arrimage gros temps de tout ce qui a été
embarqué faisait office de plat de résistance,
juste après le poste de propreté général. Le
Mistral était en effet dégoûtant hier soir,
notamment à cause de la terre noire que les
chaussures ont piétiné toute la journée sur le
quai et qui colle partout.
Depuis, nous filons à 17 nœuds, soit 30 km/h
vers la Birmanie, et si le temps se maintient,
nous pourrons arriver dès samedi. Vous savez
peut-être par les journaux qu’une grosse
dépression tropicale balaye encore le delta de
l’Irrawaddy. Nous avions peur qu’elle n’évolue
en cyclone, mais il semble que cette crainte
soit écartée. Cela dit, la mer est forte et la
stabilisation joue son rôle. Les esprits se
tournent à présent vers l’Est pour imaginer et
préparer la « livraison » de notre cargaison.
Ce soir, l’ensemble des maîtres d’hôtel a
souhaité son anniversaire en bonne et due forme
au quartier maître Lievequin.
Source Gilles Humeau |
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Vendredi 16 mai 2008
Sur la carte étalée à la
passerelle, nous avions bien progressé ce matin
puisque le Mistral se trouvait au beau milieu du
golfe du Bengale.
Le ciel toujours clément
tranchait avec la mer agitée qu’amplifiait une
bonne houle de sud. La priorité de la journée
était naturellement d’avancer sans dévier de
notre route, mais aussi de donner à tous la
dernière occasion d’entraînement avant les
opérations de déchargement. Ainsi, les
hélicoptères ont-il eu le privilège de voler
après cinq jours de régime sec. Ce rythme n’est
guère satisfaisant pour des équipages qui ont
besoin de pratiquer régulièrement leur art
difficile. Idéalement ils devraient effectuer
entre trois et cinq vols par semaine… Mais
l’urgence prime et les vols à proximité des
côtes étrangères sont rarement bien vus par les
Etats riverains. Nous avons à cette occasion
profité de la symétrie du BPC et pu mener notre
activité malgré le vent arrière qui soufflait
fort.
Les modes opératoires de l’opération se
discutaient au sein de l’état-major, mais aussi
parmi les spécialistes du bord pour les aspects
techniques et de sécurité. La symbiose s’établit
peu à peu à la faveur du travail commun à
entreprendre. Ainsi, dans la zone PC, la
question du nombre de rotations de CTM
nécessaire pour débarquer le fret se heurtait à
l’estimation du chargement possible à chaque
rotation. 25 palettes pour les uns, 50 pour
d’autres, sur une ou deux couches,…
Le mieux était d’essayer. Une demi-heure plus
tard, je pariais avec le Bosco sur la capacité
du CTM à ranger 3 ou 4 palettes de front. Tous
les arguments ont été avancés sur la taille des
palettes, la facilité de les ranger, le coup
d’œil du spécialiste, … Rassurez-vous, grâce à
l’arbitrage impartial du maître Samper, du
lieutenant de vaisseau Mellaza et du commandant
en second, le pacha est resté le pacha ! Il faut
vous avouer que « l’avantage Baliste » a joué !.
En revanche, tout le monde y trouve son compte
car cet essai grandeur nature a permis de
découvrir que chaque chaland pouvait transporter
cinq gros sacs de 800kg au dessus des quatre
palettes ! Ainsi, les puristes apprécieront
qu’un chargement puisse transporter plus de 50
tonnes de riz en palettes au lieu de 25 dans
l’hypothèse pessimiste.
Dans l’après-midi enfin, alors que l’arrivée au
Sud de la Birmanie se précisait pour la nuit,
l’annonce de l’interdiction d’entrer dans les
eaux territoriales a fermé la perspective d’un
déchargement rapide. L’attente vraisemblable des
jours prochains permettra aux diplomates de
démêler l’écheveau. Quoi qu’il en soit, rien ne
se fera avant demain matin et nous avons réduit
l’allure pour économiser du carburant. On ne
sait jamais, il pourra servir un jour !
Source Gilles Humeau |
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Samedi 17 mai 2008
Nous y voilà ! Depuis
quatre heures du matin, le Mistral est à pied
d’œuvre et si la météorologie n’est pas fameuse
puisque nous subissons la mousson, le trait de
côte se dessine sur les écrans radar et la
couleur jaunâtre de l’eau de mer trahit la
proximité du delta de l’Irrawaddy, la zone la
plus meurtrie par le cyclone Nargis que nous
longeons à environ 25 kilomètres au large.
Nous avons attendu toute
la journée comme prévu, que la diplomatie fasse
son œuvre pour nous ouvrir la route de la côte
basse faite de mangroves, à moins d’une heure de
mer… Après la course contre la montre de ces
derniers jours, nous avons nettement réduit
l’allure pour économiser le potentiel de nos
diesels.
Afin de tromper notre attente, après un exercice
de lutte contre les voies d’eau, la passerelle a
conduit une manœuvre de récupération d’homme à
la mer et confirmé l’aptitude du chef du quart à
contrôler la situation en cas d’avarie de barre.
Sur zone, j’ai été frappé par le peu de navires
croisés. Malgré les fonds peu importants, aucun
pêcheur à l’horizon, la navigation est simple ;
quel changement par rapport aux nuées
d’embarcations rencontrées dans le sud de la mer
des Andamans !
Enfin, cette journée mémorable l’était encore
davantage pour le capitaine de corvette Tillier
dont c’était l’anniversaire.
Source Gilles Humeau |
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Dimanche 18 mai 2008
Cette fois-ci, notre
journée du dimanche à la mer a revêtu un
caractère un peu inhabituel.
Un travail de
planification fine a touché à peu près toutes
les chaînes fonctionnelles dans la perspective
d’un déchargement de fret qui doit pouvoir
intervenir sans préavis.
Ainsi, les briefings se sont multipliés pour
affiner nos plans d’action.
Cette réflexion bien nécessaire s’inscrivait
curieusement dans un contexte diplomatique un
peu gelé par la fête de la lune que célèbre la
Birmanie... Comment justifier pareil immobilisme
lorsque des milliers de sans-abri meurent de
faim ? Il est néanmoins fort peu probable que
quoi que ce soit bouge d’ici mardi matin.
En revanche, le sport a repris ses droits avec
un tournoi de volley dans le radier. Ce soir
enfin, le barbecue traditionnel était organisé
par la septième compagnie. C’était une première
pour les nouveaux arrivés à bord parmi lesquels
un représentant du ministère des affaires
étrangères qui a déjà travaillé en Birmanie et
monsieur Stéphane Fort dont les auditeurs de
France Inter et France Info connaissent bien la
voix.
L’ambiance était plus sérieuse qu’à
l’accoutumée, peut-être parce que chacun
mesurait le drame humain qui se noue à moins de
deux heures de mer de chez nous.
Après la frénésie du départ en mission, nous
voici dans une logique d’attente. Il faut se
préparer à durer, aménager le programme
d’activité pour économiser les forces mais
maintenir les esprits et le matériel prêts à
agir sitôt l’ordre reçu.
Nous patrouillons toujours à proximité des côtes
birmanes et suivons depuis cet après-midi sur
nos écrans le groupe amphibie américain qui se
trouve plus au Sud, non loin de la frégate
anglaise « Westminster » avec laquelle nous
aurions du participer à l’exercice Varuna.
Source Gilles Humeau |
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Lundi 19 mai 2008
En relisant ce que
j’écris depuis deux jours, je me rends compte
que vous pouvez nous croire installés depuis
deux semaines.
Les noms de la côte nous
sont devenus familiers, les points de repère
aussi, à tel point que nous avons choisi pour
aujourd’hui de faire une excursion vers le Sud,
pour nous rapprocher du groupe amphibie
américain de l’USS Essex, un grand frère une
fois et demi plus lourd que nous, mais surtout
cinq fois plus peuplé ! J’ai ainsi accompagné
l’amiral, le chef d’état major et le capitaine
de corvette Tillier sur ce géant des mers ; une
référence dans le domaine des opérations
amphibies ! L’accueil fut très chaleureux, comme
souvent avec les américains. Nous avons évoqué
les différents aspects de notre mission et les
règles de coordination à mettre en place pour ne
pas nous gêner ici. Pour une opération
humanitaire, ce serait bien le comble. Il était
bien clair pour tous que notre objectif commun
est d’apporter au plus vite de l’aide
humanitaire à des pauvres malheureux qui
aspirent à recevoir pour survivre, ce que nous
espérons avoir le droit de leur donner. En
revanche, il n’est pas question dans l’immédiat
de travailler ensemble compte tenu de la
complexité de la situation diplomatique.
Et puis ce soir, après les derniers briefings,
j’étais convié chez l’amiral pour fêter
l’anniversaire de monsieur Stéphane Fort, notre
otage journaliste qui se faufile dans le bord
avec une aisance remarquable. Je peux vous
garantir que sa sagacité radiophonique se double
d’un sens de l’humour décapant, mais toujours
drôle !
Source Gilles Humeau |
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Mardi 20 mai 2008
Après notre incursion
dans le Sud hier, l’objectif de navigation pour
aujourd’hui était de patrouiller plus au
nord-est, devant l’estuaire de la rivière de
Rangoon.
La zone se caractérise
par des fonds d’environ dix mètres, très plats
et balayés par des courants très importants de
l’ordre de trois à cinq nœuds. En approchant,
nous avons tout d’abord remarqué que la couleur
de l’eau changeait vite pour devenir plus « café
au lait » que bleue. Plus loin, la consistance
même de la mer etait plus « crémeuse » ; elle
n’incitait vraiment pas à la baignade !
Mais surtout, de loin en loin, puis de plus en
plus souvent à mesure que le BPC remontait vers
la côte, des débris de toutes sortes flottaient
sur l’eau. Les veilleurs, initialement très
tendus à la vue d’une forêt de troncs d’arbres
supposés, ont vite appris à reconnaître des
tuyaux souples ou des perches de bois qui
servent d’ossatures aux maisons d’habitation.
Les mécaniciens ont vite compris qu’il n’était
pas opportun de produire de l’eau, même si nous
étions à plus de cinquante kilomètres des côtes…
Nous avons ainsi découvert ce qui pourrait
devenir notre environnement quotidien lorsque
nous déchargerons notre fret humanitaire, bien
loin des images d’Epinal montrant des plages
immaculées et des eaux turquoise transparentes.
Néanmoins, la motivation de tous est intacte et
l’état-major prépare minutieusement des modes
d’action très variés pour être paré à ordonner
la version la plus adéquate à l’heure H. De
nombreux membres d’équipage du Mistral
participent à ce bruissement, étudient,
quantifient, préparent des briefings,
échafaudent, valident des options, en repoussent
d’autres.
Vous le comprenez sans doute, l’opération est
bien lancée, il reste à la conclure, dès que…
Source Gilles Humeau |
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Mercredi 21 mai 2008
Mercredi sombre comme on
ne les aime pas !
Ce matin, lors d’une
visite d’entretien les manœuvriers ont découvert
une grosse fissure dans la couronne
d’entraînement du barbotin d’un guindeau. Pour
les incultes, cela revient à dire que notre
ancre Tribord est inutilisable en l’état.
Mécaniciens, électriciens et boscos se sont
concertés, ont étudié, tourné et retourné le
problème et les solutions possibles. Il reste
naturellement l’ancre Bâbord, mais elle risque
d’endommager l’antenne du loch qui permet de
mesurer notre vitesse sur l’eau. Finalement, la
solution s’est imposée d’elle-même ce soir avec
l’avarie du capteur de vitesse… Mais cela fait
un problème supplémentaire à régler pour le
groupement navire en charge de la conservation
du patrimoine. Par surcroît, dans l’après-midi,
l’ascenseur est tombé en panne, sans doute pour
inciter le commandant et le second à faire du
sport…
Il ne manquait plus que la visite du commissaire
annonçant l’épuisement du stock de vivres frais
compte tenu de l’impossibilité de ravitailler
dans de bonnes conditions à Chennaï. Nos
derniers légumes dataient donc de Port Klang
voici deux semaines.
Que voulez-vous, il y a des jours comme cela !
Heureusement, pour rehausser la journée,
l’aspirant Maud Monteau a été lâchée de quart à
la passerelle. C’est une jolie performance pour
cette élève de l’école de commerce de Rouen qui
a choisi de faire un stage d’un an dans la
marine nationale. Chef du quart sur un bâtiment
de combat en opérations…
Un peu plus tard, nous avons reçu un chaland de
débarquement américain venu s’entraîner aux
opérations de chargement en porte à porte. Nous
avons été agréablement surpris par la
manoeuvrabilité de ces engins plus gros que les
nôtres.
Au sein de l’état-major et du commandement, la
réflexion a commencé pour imaginer l’activité du
Mistral à l’issue de l’opération en cours. Pour
l’heure, il ne s’agit que d’identifier des dates
limites au delà desquelles le programme établi
ne peut être tenu. C’est ainsi que notre escale
d’Abu Dhabi a été annulée aux dates prévues. La
prochaine échéance intervient le 30 mai pour
notre exercice avec le Yemen. Mais pour
l’instant, les esprits sont concentrés sur les
ouvertures diplomatiques que chacun espère dans
les jours prochains.
Source Gilles Humeau |
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Jeudi 22 mai 2008
L’actualité de la
journée, à bord comme en Birmanie a été dominée
par la visite au Myanmar de monsieur Ban Ki
Moon, le secrétaire général des Nations Unies.
L’ouverture annoncée ce
soir aux organisations humanitaires, quelques
soient leurs nationalités, a revigoré l’espoir
de l’équipage. On pouvait lire sur les visages
l’enthousiasme de ceux qui vont enfin être
plongés dans l’action. Seul bémol peut-être, la
presse est réservée sur cette avancée majeure.
Espérons qu’elle aura été pessimiste. Notre rôle
serait alors pleinement valorisé puisque nous
sommes les seuls à pouvoir acheminer directement
et rapidement notre aide aux populations
éprouvées. Pour le Mistral en revanche, les
nouvelles du matériel n’étaient pas très
encourageantes. La solution technique de
réparation de notre guindeau piétine et la panne
du loch Bâbord est confirmée. Nous avons
remplacé l’antenne en poussant la vieille avec
la nouvelle. Des plongeurs mis à l’eau ont
récupéré le colis qui ne servira malheureusement
plus. Et pour finir sur les lamentations
techniques d’un bâtiment sans souci jusque là,
l’ascenseur présente des signes de faiblesse
inquiétants… Les habitants du pont 2 y sont très
sensibles, surtout ceux qui travaillent en
passerelle au pont 10 ! Parmi les nouvelles,
nous avons également souhaité un bon voyage au
COMOPS, le capitaine de frégate Majoufre et aux
second maîtres Catieau et Joron qui partent
suivre les présélections du cours de plongeur
démineur. Ils transitent actuellement sur l’USS
« Mustin », un destroyer américain ultra-moderne
qui accompagne l’USS « Essex ». Ce bâtiment les
déposera après-demain à Phuket ou un avion les
attend. Enfin, la bonne nouvelle de
l’attribution de la prime ISSE est arrivée ce
matin, ce qui induit un certain nombre
d’avantages liés aux opérations extérieures.
Inutile de vous dire que la nouvelle a
rapidement parcouru le bâtiment…
Source Gilles Humeau |
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Vendredi 23 mai 2008
Vous savez ce qu’est un
« bruit de coursive », naturellement, mais ils
pullulent ces jours-ci.
L’incertitude liée à la
mission est un facteur favorable, et le risque
de décevoir augmente. Figurez-vous par exemple
que nous serons en escale à Port Blair aux îles
Andamans, dès mardi matin… Et voilà untel qui
annonce qu’il ira à l’hôtel pour se reposer, que
le commissaire s’inquiète de la demande de
devises qui arrivera en retard, qu’un autre
quidam demande à rentrer en France pour je ne
sais quelle raison… Bien sûr, comme pour tous
ces bruits, il faut une source… Le commandant !
C’est donc indiscutable ! Alors, comme vous
n’êtes pas nés de la dernière pluie, vous avez
le droit de savoir que la veille au soir,
j’avais rapporté l’étude par l’état-major d’une
possibilité de ravitailler en vivres frais assez
rapidement au cours d’un passage au voisinage de
Port Blair, afin de nous laisser davantage de
marge de manœuvre lorsque nous rentrerons dans
les bouches de l’Irrawaddy. Il fallait donc se
tenir prêts à réagir dès que la décision serait
prise… Et voilà ! Le bruit était parti... Mais
en l’occurrence, le délai nécessaire de 6 jours
pour faire une commande en Inde avait déjà tué
le projet dans l’œuf. Sur l’eau, la journée
était davantage dominée par un ensemble
d’exercices techniques franco-américains. Ainsi
avons nous échangé des hélicoptères, ce qui nous
a permis d’accueillir des machines encore
inconnues sur notre pont. Au déjeuner, une
trentaine de marins américains est venue peupler
nos carrés, et je peux vous confier que la
difficulté à les rassembler pour le départ
traduisait assez bien l’impression générale de
camaraderie franche entre les deux marines. Dans
l’après-midi, nous avons eu le privilège de voir
évoluer à notre porte de radier un aéroglisseur
« LCAC » particulièrement impressionnant.
Entouré d’un nuage de vapeur d’eau qui trempait
tout alentour, il a fait de la patrouille serrée
à moins de dix mètres de notre radier… Ce soir
enfin, le Mistral évolue tout près des eaux
territoriales birmanes, à proximité des
plates-formes gazières mises en œuvre par Total.
Le temps est magnifique à la faveur d’un petit
vent de nord-ouest qui a dégagé les gros grains
de la mousson.
Source Gilles Humeau |
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Samedi 24 mai 2008
La situation politique
en Birmanie ne change guère dans l’attente de la
réunion des pays donateurs de demain.
Pour le Mistral
pourtant, l’activité continue pour préparer
notre déchargement et toutes les hypothèses
techniques continuent d’être évoquées. Parmi les
solutions, le recours aux hélicoptères lourds
américains présents sur zone possède de nombreux
avantages puisqu’ils sont capables d’acheminer
notre fret au plus près des populations dans le
besoin dans le cas ou nos chalands ne pourraient
pas accéder en raison de l’encombrement des
cours d’eau. Nos camarades de l’USS Essex ont
proposé leurs services et c’est dans cet esprit
que nous avions programmé des échanges
d’hélicoptères aujourd’hui. Le rendez-vous
programmé dans l’après-midi permettait de
consacrer la matinée à une plongée en eaux
libres, d’autant que la mer était à peine ridée.
Les heureux gagnants de la baignade m’ont en
revanche rapporté que l’eau n’était pas si
claire qu’elle paraissait vu d’en haut, mais
l’exercice technique programmé n’en a pas
souffert. Nous avons ensuite couru après le
groupe américain parti très au Sud pour échapper
à une ligne de grains bien visibles sur les
radars. Finalement, l’interaction prévue s’est
limitée à l’envoi sur l’Essex de l’Alouette et
d’une Gazelle pour acheminer deux patients trop
heureux de bénéficier d’un rendez-vous de
dentiste ! Dans la soirée, les discussions avec
les parisiens traduisaient le doute qui
s’installe sur la possibilité de décharger
directement en Birmanie. Les avancées obtenues
de monsieur Ban Ki Moon ne sont pas encore
traduites dans les faits par une plus grande
liberté accordée aux organisations humanitaires.
Dans ce contexte, nous étudions les différents
ports de déchargement possibles pour qu’enfin
notre riz puisse partir vers la Birmanie. C’est
bien là l’objectif, ne l’oublions pas ! Alors
les bruits de coursive résonnent à nouveau des
noms de Phuket, Kuala Lumpur, Singapour et même
Bangkok… Rien n’est simple, je vous l’assure
Source Gilles Humeau |
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Dimanche 25 mai 2008
Pour un dimanche,
l’activité d’état major fut dense, je vous
l’assure !
Naturellement, la
matinée bien calme pour cause de décalage
horaire a permis à tout l’équipage de profiter
d’un repos dominical nécessaire. De vous à moi,
le calme nocturne hors de commun démonte que les
corps sont fatigués par l’accumulation de jours
de mer et d’escales qui n’en sont pas vraiment.
Au déjeuner, l’amiral recevait des officiers
anglais venus en délégation à l’occasion de la
relève du HMS Westminster par le HMS Edinburgh.
Ils sont arrivés en Lynx sous une pluie
battante. L’appontage de l’hélicoptère était
féerique car le rotor générait un cylindre d’eau
très visible qui disparaissait dans un
brouillard au voisinage du pont. J’espère que
des photos auront été prises ! Le trajet retour
en « Merlin » nous a permis d’accueillir ce
nouvel hélicoptère encore inconnu sur un BPC.
Belle machine vraiment, foi d’aéronaute ! Cet
après-midi, nous avons du battre des records de
consommation téléphoniques pour préparer la
suite de la mission. Pas une heure sans que des
échanges d’états-majors ne parlent d’aller à
Phuket, de privilégier Bangkok ou … Dans la
soirée, nous avons proposé au USS Mustin de
récupérer nos deux techniciens de l’ALAT dans la
nuit plutôt que demain, afin de faire route vers
le Sud dans l’attente des résultats de la
réunion parisienne qui statuait sur notre sort.
Tard dans la nuit, le couperet est tombé. Ce
sera Phuket malgré les informations en notre
possession rapportant que le port est occupé.
Reste la pression diplomatique pour déplacer les
montagnes !
Source Gilles Humeau |
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Lundi 26 mai 2008
Hier soir, sitôt
embarqué, le capitaine de l’armée de terre
débarqué du Mustin a fêté son arrivée à bord
contre une porte étanche (et il n’en existe pas
beaucoup…) ; trois points de suture qui ont mis
le médecin en verve !
Nous transitions
aujourd’hui à bonne allure vers le Sud, ne
sachant toujours pas si le port de Phuket pourra
ou non nous accueillir. Cela n’avait guère
d’importance puisque toutes les options sont
encore accessibles d’ici demain matin ou nous
serons devant l’île thaïlandaise. Le problème
principal consistait à imaginer comment rebondir
sur le communiqué de presse paru hier soir à
Paris, un peu trop précis à notre avis et qui
risque de nous conduire à une impasse si
d’aventure le port de Phuket est encombré. Mais
dans cette histoire, malgré la puissance de
planification de notre état-major, nous sommes
vraiment peu de chose. Alors, pour anticiper sur
le programme à venir, nous avons fait voler nos
hélicoptères et validé le dépannage express des
mécaniciens de l’ALAT. Toutes les machines sont
« vertes » ce soir !
Source Gilles Humeau |
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Mardi 27 mai 2008
L’ordre de nous rendre à
Phuket a été confirmé hier soir.
Nous devions accoster
aujourd’hui, ou au plus tard demain. En fait,
comme un paquebot occupe la place, nous avons
attendu au large l’autorisation d’entrée dans
les eaux territoriales thaïlandaises. Sitôt
obtenue, l’idée de reconnaître le port a germé.
Nous nous sommes donc présentés au plus près
pour envoyer à terre une équipe resserrée
chargée de repérer les lieux, de prendre contact
avec les autorités portuaires et avec le
schipchanler désigné pour recevoir notre
cargaison. L’expédition a duré tout l’après-midi
et nous nous sommes éloignés dans la soirée pour
décrasser les moteurs. Pendant cette mission, la
visite à bord de l’ambassadeur de France en
Thaïlande s’est montée pour le soir même. Nous
l’avons donc récupéré à l’aéroport avant le
dîner avec une Gazelle. L’homme est très jeune
et avenant. Il nous a expliqué quelques dessous
des cartes et rassurés sur la pertinence des
avis formulés dont beaucoup étaient en
adéquation avec les siens propres. Au sein de
l’état-major, la réflexion sur l’avenir de notre
programme de déploiement a bien avancé. Nous
devrions pouvoir faire quelques jours d’escale
dans l’île malaisienne de Langkawi avant de
traverser l’océan Indien vers le Yemen ou notre
exercice prévu le 10 juin est simplement décalé
au 14. Reste à obtenir les autorisations
nécessaires auprès de Kuala Lumpur… Avec 48
heures de préavis, l’attaché de défense devra
faire des prodiges ! Ce soir nous sommes en mer
en attendant de nous présenter à Phuket demain
matin au lever du soleil. Le quai nous est
réservé pour au moins 24 heures et peut-être
davantage si nous en avons besoin et le
négocions. L’équipage se repose. La journée de
demain s’annonce rude.
Source Gilles Humeau |
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Mercredi 28 mai 2008
Comme prévu, la journée
a commencé avant l’aube, au grand damne des
infortunés de quart entre minuit et quatre
heures.
A six heures, nous
entrions dans le port de Phuket, minuscule
comparé à la taille du Mistral. La manœuvre
était délicate en l’absence de remorqueurs
puisque nous devions nous retourner dans un
bassin d’évitage d’environ 350 mètres
utilisables. L’objectif était de commencer le
déchargement à sept heures pour travailler
autant que possible avant les heures chaudes. Ce
qui fut dit fut fait et, profitant de ce que les
boscos étaient en train de se changer, c’est à
votre serviteur et au commandant en second
qu’échut de sortir le premier ballot de gamelles
sur le quai… à 07h00 précises ! Les colis et
palettes ont ensuite été évacués avec un rythme
d’enfer. Dès huit heures, une grue routière
débarquait les sacs et palettes entreposées dans
le hangar hélicoptères par la plateforme
arrière. Simultanément, la grue du bord vidait
le riz entreposé dans le hangar véhicule tandis
que l’Equipage avec un grand « E » débarrassait
les colis moins lourds comme une colonne de
fourmis. On comptait des marins, des terriens,
des officiers et des matelots, des femmes mûres
et des adolescents attardés, dans une cohue
organisée ou les quolibets et autres blagues
fusaient. L’ambassadeur et son attaché de
défense, amusés par l’entrain ont même demandé
une tenue de protection de base et participé à
la chaîne… Du jamais vu, mais quelle leçon ! A
08H30, alors que le soleil faisait son entrée
sur le quai déjà bien chaud, il ne restait plus
que du riz et des palettes de toiles de tentes
dans les hangars, impossibles à décharger à la
main. Les fourmis sont donc rentrées au frais et
une seule demi bordée aidait à la manœuvre des
chariots élévateurs et autres transpalettes,
pour optimiser l’approvisionnement des deux
grues, tandis que notre « Manitout » faisait des
allers et venues entre le hangar et le quai pour
accélérer le mouvement. Au point de situation à
midi, il apparaissait possible de terminer dans
la journée et de tenter l’escale de Langkawi
pour demain… Regain d’énergie ! A ma question
concernant l’heure de fin de travail, le
commandant en second m’annonça qu’il pensait
finir la manutention vers 18 heures. La nuit
tombant à 19h03, il était encore possible de
quitter le port au coucher du soleil. Je convins
avec lui de nous fixer un objectif à 17 heures,
pour un appareillage à 18 heures. Cela nous
donnait une heure de marge, mais exigeait en
revanche de tenir la cadence et d’optimiser tout
ce qui pouvait l’être… A 16 heures, je
confirmais l’objectif et tout le monde riait en
considérant qu’il ne restait qu’une petite
vingtaine de colis… C’était sans compter sur le
retard du schipchandler qui n’avait sans doute
pas la même pression. Qu’à cela ne tienne, je
lui ai annoncé qu’il avait jusqu’à 17 heures
pour que son dernier camion parvienne au quai !
Vos marins ont encore fourni le dernier coup de
collier pour vider en un temps record le dernier
camion dans une chaîne humaine digne des temps
anciens… Un seul camion manquait à l’appel, mais
comme il n’était pas possible de le contacter,
le poste de manœuvre a sonné et le Mistral s’est
éloigné du quai un peu avant 17h45… Pari gagné !
Nous voici en route vers la Malaisie que nous
espérons pouvoir rejoindre demain ; la
diplomatie est à l’œuvre !
Source Gilles Humeau |
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Escale à Langkawi
(Malaisie) |
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Mardi 3 juin 2008
Il faisait encore nuit au
poste de manœuvre ce matin.
Nous avons quitté le quai
des paquebots sans aide extérieure pour laisser la place à un
magnifique bâtiment tout blanc croisé à la sortie des eaux
resserrées. La manœuvre était simple et le pilote est resté
sur le quai. Le but de la matinée visait à faire voler nos hélicoptères
au dessus de la terre avant d’aborder la haute mer. La météorologie
capricieuse nous a contraints à les rappeler un peu avant leur «
charlie » (heure d’appontage) pour les ramasser dans de bonnes
conditions, avant de courser le pétrolier américain « Walter S.
Diehl » sur lequel nous avons ravitaillé en milieu de journée.
Chacun a pu admirer la rapidité du transfert de carburant (1100
m3 en une heure et demie !), mais également le professionnalisme
de nos camarades mi-militaires, mi-civils. A l’issue, le Mistral
a renoué avec les changements d’heure pour commencer à
regagner les six heures de décalage avec la France. Nous sommes désormais
en heure « golf » pour deux jours. Depuis, nous filons vers
l’ouest, afin de retrouver le rail des navires de commerce que
nous suivrons jusqu’au sud de l’Inde. Par chance, la météorologie
au large est très favorable et nous filons à 16 nœuds sur deux
diesels seulement, grâce à un courant portant bienvenu. Ce soir,
la reprise des vols de nuit pour les Gazelle s’est effectuée
par une nuit très noire, mais les pilotes progressent bien et la
manœuvre s’est déroulée en sécurité.
Source Gilles Humeau
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Mercredi 4 juin 2008
Vous savez peut-être que
tous les matins, le rituel du branlebas, qui sonne habituellement
à 07h30, comprend une sonnerie au clairon, règlementaire, et la
diffusion du « branlebas, branlebas », sêche et peu amène,
surtout pour ceux qui ont quitté le quart à 04h00 !
Peu après, l’équipe de
quart diffuse un court morceau de musique, choisi selon l’humeur
du moment. Elle présente ensuite la situation du Mistral, la météorologie
à laquelle tous sont attentifs, le programme de la journée et le
carnet mondain des anniversaires et autres événements familiaux.
Ce matin, la présentation était colorée de noms qui font rêver.
On y parlait des Andamans, des îles Nicobar, du golfe du Bengale,
mais aussi d’humour avec le vrai faux anniversaire du capitaine
de corvette Brochard… Dans les équipes de quart, les têtes ont
un peu changé pour donner du grain à moudre aux infortunés de
l’état-major embarqué qui transitent avec nous, faute de crédits
pour leur acheter un billet d’avion depuis Langkawi. Ainsi
avons-nous proposé de faire faire du quart en passerelle à un
officier et deux officiers mariniers et d’inclure le maitre
principal Trimaud dans l’équipe des logisticiens. Sous la
houlette du lieutenant colonel Mansard, quelques autres nous
assistent dans la préparation de l’exercice à venir au Yemen.
Les commandos, quant à eux, ont repris l’entraînement et
effectué cet après-midi un parcours de franchissement à la fois
physique et aérien… Les derniers soldats du premier régiment médical
participeront à la vie de l’infirmerie et nous seront bien
utiles pour enrichir nos exercices sécurité. Celui
d’aujourd’hui a permis de pousser l’organisation de prise en
charge des blessés. Nous avons été à deux doigts de rappeler
au poste de sécurité pour un incendie fictif dans une zone de détente
particulièrement difficile à protéger. L’esprit et la
corpulence de l’Equipage ont donc bien changé, mais
l’ambiance reste agréable. Je parie que le chemin du retour
n’y est pas étranger…
Source Gilles Humeau
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Jeudi 5 juin 2008
Au cours de l’opération
Orcaella, c’est le nom d’un dauphin de l’Irrawaddy qui a
symbolisé notre action ces derniers temps, l’entretien du bâtiment
a été mis en sommeil.
La situation ne s’est pas
améliorée pendant l’escale et il fallait organiser ce que nous
appelons une « journée organique » pour permettre à tous
d’entreprendre les travaux indispensables à bord. L’entretien
était donc au cœur du programme d’aujourd’hui avec
l’inspection de tranche des locaux aux ponts 9 et 10, là ou se
trouve la passerelle, mais aussi quelques locaux techniques dont
le diesel alternateur de secours qui remplit un rôle crucial en
cas de défaillance électrique. Cet après-midi, tout l’équipage
devait également signer sa notation en deuxième ressort avant
l’expédition des bulletins dont nous espérons nous acquitter
à Djibouti. Pendant ce temps, grâce à l’énergie du capitaine
de corvette Brochard, nous avons mis à profit sa connaissance de
la lutte contre les avaries de combat pour faire de
l’instruction. Le reste du personnel a également vaqué à
diverses tâches plus ou moins laissées pour compte depuis deux
semaines. Parmi les sujets d’inquiétude, la dépression
tropicale « 99A » qui se forme en ce moment dans la mer
d’Arabie préoccupe notre météorologiste car elle est
susceptible de dégénérer en cyclone. Elle se déplace bien vers
le nord, mais nous devrions rencontrer une mer formée et des
vents forts d’ici quelques jours. Par ailleurs, comme nous
progressons toujours vers l’Ouest, nous avons encore changé
d’heure. Quatre heures nous séparent encore. Mais surtout, en
fin de journée, nous avons appris la nouvelle de l’arrivée à
Rangoon du cargo « Claudia » transportant notre fret humanitaire
en Birmanie. Cette fois, la mission est accomplie ! L’Equipage
sera content de l’apprendre par la feuille de service de demain.
Source Gilles Humeau
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Vendredi 6 juin 2008
Il ne vous aura pas échappé
que nous fêtions aujourd’hui le soixante-quatrième
anniversaire du Jour J ; une sorte de fête des amphibiens.
En guise de commémoration,
nous avons conduit un exercice de lutte contre les avaries de
combat et ainsi mis en pratique les conseils prodigués hier. A
l’issue, comme nous approchions de l’île de Ceylan, la
brigade de protection a été réactivée dans le cadre des
mesures normales de protection défense du bâtiment. Nous les
maintiendrons jusqu’à notre entrée en mer d’Arabie après-demain.
Cet après-midi enfin, peu avant de quitter l’autoroute maritime
la plus fréquentée de la région, nos trois hélicoptères étaient
en vol. Le Mistral tourne comme une horloge et le moral est
excellent à bord.
Source Gilles Humeau
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Samedi 7 juin 2008
Depuis hier soir nous
avons entamé notre remontée vers le tropique du
cancer.
La journée s’est
déroulée le long des côtes indiennes vers le «
eight degree channel » qui ouvre la voie de la
mer d’Arabie entre les îles Maldives au Sud et
les Lacdives au Nord. L’activité opérationnelle
se tournait résolument vers la lutte contre les
menaces asymétriques que nous sommes
susceptibles de rencontrer dans le golfe d’Aden.
C’est pourquoi les hélicoptères ont effectué des
exercices de mécanisation aux mesures actives de
sûreté aérienne, communément appelées MASA. Les
tireurs d’élite des commandos embarqués ont
ainsi pu tirer sur des cibles et perfectionner
leur sang froid pour ne pas ouvrir le feu
(fictivement) sur une Alouette au comportement
incertain. Les artilleurs de la flottille
amphibie ont quant à eux rivalisé de précision
avec ceux du bord pour détruire les ballons
cibles simulant des vedettes assaillantes. Au
cœur du bâtiment, les travaux organiques se sont
poursuivis par le début de communication de leur
notation annuelle aux officiers, mais également
par des cours d’anglais pour les volontaires. Ce
soir, nous avons quitté l’autoroute par la
première bretelle vers l’Ouest et le prochain
point tournant est maintenant bien loin, à plus
de quatre jours de mer, au nord de l’île de
Socotra. Par ailleurs, nous avons rejoint la
zone d’opération « Enduring freedom » qui
signifie également le bénéfice d’un complément
de solde appréciable. Une houle de Sud-Ouest
nous accompagne désormais et le BPC recommence à
« vivre »…
Source Gilles Humeau |
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Dimanche 8 juin 2008
Pour égayer notre
dimanche à la mer, le commandant en second avait
programmé un dernier tournoi de badminton, le
quatrième du déploiement.
Grâce à son entraînement
régulier et son acharnement méritoire, il s’est
logiquement imposé en compagnie de son équipier
fidèle, le premier maître Philippe Pouget. Pour
fêter l’événement, le président des officiers
subalternes lui a remis un « prix de
persévérance » ! Au delà de l’anecdote, la
performance mérite d’être soulignée car la
météorologie n’était pas favorable. La mer et le
vent contraire ont forci et le BPC bouge
désormais d’un mouvement encore lent. Par
ailleurs, notre jour de repos coïncidait avec la
reprise du travail à Djibouti et au Yémen. Nos
contacts ont donc repris leurs coups de
téléphone et autres demandes de renseignements
naturellement urgentes, pour affiner la
préparation de l’exercice à venir.
Source Gilles Humeau |
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Lundi 9 juin 2008
Un bruit d’annulation de
notre retour à Toulon se répand comme une
traînée de poudre depuis hier. « L’information »
proviendrait d’un site internet non officiel,
d’une radio, ou plus simplement de
renseignements incomplets véhiculées à terre par
des « gens autorisés »…
Une petite fuite d’huile
sur un joint de pale du propulseur d’étrave est
à l’origine de ce bruit. Nous la suivons
attentivement depuis plus de six mois sans
qu’elle remette en cause la capacité
opérationnelle du bâtiment. Son évolution, très
lente, attend le prochain passage au bassin pour
que la réparation soit possible. L’une des
études récentes considérait de la faire à Dubaï.
Je peux vous dire aujourd’hui qu’elle n’aboutira
pas, comme beaucoup d’autres solutions
imaginées. Pour autant, la rumeur a enflé et le
mal résultant est énorme, pour nos familles,
mais également à bord ou le moral est fragile
après quatre mois de mer. Notre traversée de la
mer d’Arabie s’est poursuivie aujourd’hui. Elle
a été marquée par la dégradation de la
météorologie qui nous a conduits à annuler
l’activité aéronautique. En revanche, notre
exercice sécurité au poste de veille a permis
d’entraîner les équipes du bord. Les
brancardiers du premier régiment médical ont été
spécialement impliqués dans la gestion des
nombreux blessés fictifs. Leur rôle dépasse
souvent l’acte technique car il facilite le
diagnostic médical d’urgence, fondamental dans
les opérations. Cet après-midi, les bras
disponibles ont également été mis à contribution
pour ranger quelques tonnes d’eau chargées à
Chennaï. Ces bouteilles auraient pu servir pour
l’opération Orcaella, mais nous permettront
surtout de ne pas en acheter d’autres avant au
moins un an. Au central opérations, un exercice
de simulation d’attaques aériennes a mis les
nerfs des opérateurs à rude épreuve. Il s’agit
de s’entraîner à maîtriser l’engagement de nos
armes pour limiter au maximum le niveau de la
violence, sans pour autant perdre l’avantage.
Enfin, depuis ce matin, nos écrans radar sont
presque vides. Nous retrouverons les routes
maritimes habituelles dans un ou deux jours, au
milieu de la mer d’Arabie.
Source Gilles Humeau |
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Mardi 10 juin 2008
Le point marquant de
cette journée est intimement resté lié à la
météorologie qui interdit toute activité
extérieure.
Ainsi, les vols ont-ils
de nouveau été annulés et la circulation des
personnes est limitée à l’intérieur du bâtiment.
Le Mistral vibre et bouge, signe que la
mécanique souffre. Le vent et la mer sont si
forts que notre vitesse de progression stagne et
que nous prenons un peu de retard sur le plan de
route établi. A l’intérieur pourtant, le travail
continue. Les commandos marine et les soldats du
régiment médical s’entraînaient aujourd’hui aux
perfusions. Après avoir servi de cobaye pour les
premiers, le médecin a pu contrôler que chacun
piquait correctement… Plus sur l’avant du BPC,
deux « boutiques » continuent de fonctionner
sans relâche malgré les mouvements éprouvants du
bâtiment. Dès le matin, nos buandières sont en
effet à l’ouvrage malgré les mouvements
d’ascenseur que la houle impose à la coque. La
longueur du Mistral est telle que son avant
oscille sur une amplitude voisine d’une dizaine
de mètres, soit trois étages descendus et
remontés toutes les dix ou quinze secondes !
Ajoutez-y les coups de boutoir des vagues les
plus importantes et vous comprendrez que
l’ambiance n’est pas à la fête. Après le dîner,
alors que la buanderie est fermée, un homme
curieux, notre hibou, sort de son nid. Il s’agit
du boulanger qui se met à l’ouvrage, seul dans
sa tanière sur l’avant de la cuisine. Vrai
professionnel et véritable coqueluche de
l’équipage, il concourre à maintenir au plus
haut le moral des troupes. C’est agréable
d’avoir du bon pain frais chaque jour, surtout
lorsqu’il est varié ! Je peux même vous dire que
pour les déjeuners officiels, il nous comble de
ses talents en fabriquant tour à tour des
pains-souris, des boules de hérissons ou plus
simplement de ces petits pains aux graines qui
ravissent nos hôtes. Toute la nuit, il pétrit,
façonne, laisse reposer et cuit sa manne dorée.
Il ne manque pas d’en apporter une partie aux
lèvent tôt du « quatre à huit » et rejoint sa
chambre à l’heure ou tout le monde se lève pour
prendre quelques heures de repos
Source Gilles Humeau |
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Mercredi 11 juin 2008
Dans le mauvais temps,
les jours se suivent et se ressemblent, même si,
comme devant un feu, on peut passer des heures à
contempler les vagues qui déferlent, à guetter
le train de houle plus marqué que les autres qui
se brise sur l’étrave et crée une gerbe d’écume
par dessus le pont d’envol.
Toutes les activités
extérieures ont encore une fois été annulées et
nous avons consacré notre énergie à l’entretien
du bâtiment. Heureusement, notre grenouille
confirme une amélioration pour demain, dès que
nous aurons doublé l’île de Socotra. Pourtant,
toute la journée le vent s’est renforcé,
peut-être en raison de l’effet Venturi généré
par la côte somalienne.
Dans la journée, notre ravitaillement à la mer
avec l’USNS Pecos a été confirmé pour vendredi.
Nous serons alors aux pleins complets en gasoil,
ce qui nous permettra sans encombres de rallier
Toulon avec une grande autonomie.
Cette perspective se rapproche et réjouit les
membres d’Equipage. Les discussions se
poursuivent à bord pour élaborer un programme au
mois de juillet qui allie la remise en état du
bâtiment, mais aussi la préparation des
permissions du mois d’août. L’équation se
complique par l’arrivée de nombreux novices sur
BPC qu’il faudra former, mais aussi par le
départ de quelques « anciens » parmi les
derniers à avoir connu l’armement. Il s’agit
donc de peaufiner les suites. Je ferai partie du
lot des rats qui quittent le navire puisque la
date de prise de commandement du futur pacha
vient d’être fixée au 24 juillet, juste avant le
départ en permissions.
Source Gilles Humeau |
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Jeudi 12 juin 2008
Le Mistral a enfin
changé de route en fin de nuit dernière !
Nous avons appuyé à
l’ouest pour rentrer dans le golfe d’Aden après
avoir longé l’île yéménite de Socotra, puis
doublé la corne de l’Afrique. Le vent et la mer,
toujours très violents ce matin ont vite cédé la
place à une météorologie plus clémente qui a
permis de remettre les hélicoptères en vol. De
même, ce soir les sportifs on réinvesti le pont
d’envol pour courir au grand air, malgré une
température plus étouffante.
En corollaire, la vitesse de progression du
Mistral, moins freiné par les éléments, a bien
augmenté et nous a même permis d’économiser la
machine.
Enfin, comme pour gommer les trois derniers
jours éprouvants, quelques jets d’eau ont fait
leur apparition sur l’extérieur pour laver les
cloisons blanchies par une couche de sel très
corrosive.
Nous pénétrons également dans une zone ou les
pirates se livrent à leur sale besogne. Les
mesures de protection du bâtiment ont donc été
réactivées pour nous permettre de réagir
promptement en cas d’agression.
Source Gilles Humeau |
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Vendredi 13 juin 2008
Vendredi 13 ! Jour de
chance pour les superstitieux, jour d’inquiétude
pour les anxieux, pour nous jour heureux ! Trois
événements ont marqué cette journée de très beau
temps au cœur du golfe d’Aden.
Ce matin tout d’abord,
nous avons rencontré comme prévu l’USNS Pecos,
un pétrolier américain semblable au Walter S.
Deahl que nous avons rejoint après Langkawi. Le
ravitaillement s’est fort bien passé à la faveur
d’une météorologie bien calme. La matinée
réservée n’a pas été nécessaire puisqu’à dix
heures tout était fini. Le reste de la journée a
ainsi été mis à profit pour économiser la
machine, mais également pour entraîner commandos
et chefs de quart. Les premiers ont pu tirer sur
des cibles remorquées ou faire du tir instinctif
sur la gerbe d’un premier à ouvrir le feu. Les
seconds ont enfin manœuvré le BPC autour d’un
croisillon et ainsi jaugé les belles qualités
manœuvrières du Mistral, mais également son
inertie très importante … Satisfaction toujours
pour le « lâcher » de quart en passerelle de
l’enseigne de vaisseau sous-marinier Leguyader
qui nous a rejoint à Port Kelang au sein de
l’état major et repartira de Djibouti. De même,
le maître Petit a gagné le privilège de faire le
quart en chef. Affectée à l’état major de
conduite des forces, elle restera avec nous
jusqu’à Toulon. Par ailleurs, les vols de nuit
de ce soir ont mis en selle un nouveau pilote de
l’armée de terre après la qualification acquise
hier soir par le lieutenant Lombard. Bravo !
Enfin, sachez que nous avons encore changé de
fuseau pour rallier progressivement l’heure
française, et que les petites boites bleues de
comprimés anti-paludéens ont enfin disparu des
tables et carrés. Le délai de 28 jours depuis
notre arrivée à Chennaï est révolu. Ces
médicaments incontournables pour éviter le
paludisme, sont affublés de tous les maux
passagers, des diarrhées aux nausées, voire aux
vertiges, mais il semble surtout qu’ils
cristallisent sur eux la fatigue psychologique
des membres d’équipage. Plus d’excuses à présent
!
Source Gilles Humeau |
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Samedi 14 juin 2008
Très tôt ce matin, le
Mistral est entré dans les eaux territoriales
pour conduire un exercice avec la marine et les
gardes-côtes yéménites.
Notre zone
d’entraînement se situait devant le port de
Balhaf ou une société affiliée à Total construit
un grand port méthanier. Plus de neuf mille
personnes travaillent sur ce site dont le Yémen
attend de gros revenus à partir de l’an
prochain. Au programme, l’escorte du Mistral par
les vedettes des gardes-côtes nous a permis
d’apprécier leur combativité et l’efficacité de
leurs interventions. Deux attaques successives
menées par nos embarcations ont été déjouées.
Pendant ce temps, les chalands ont pu
reconnaître une plage et embarquer vers le BPC
deux sections de fusiliers marins basés dans la
région. L’effort de nos hôtes pour présenter des
troupes impeccables montre tout l’intérêt porté
à notre rencontre. Une centaine d’invités a
ainsi visité le bâtiment, assisté à des
présentations amphibies, mais également
découvert le savoir faire des troupes
embarquées. Le repas pris a bord a permis des
échanges plus amicaux avant que tout le monde se
sépare en début d’après-midi. Nous espérons bien
que d’autres exercices plus ambitieux pourront
suivre cette première coopération amphibie.
Enfin, j’ai relu avec attention et une certaine
reconnaissance les commentaires chaleureux que
vous ne manquez pas d’inscrire sur ce Blog.
Merci aux habitués dont certains nous sont
devenus familiers. A ce sujet, figurez-vous que
je discutais ce soir avec le capitaine B. du
premier régiment médicalisé qui me racontait les
billets postés par les siens sur un site
Internet. Comme le doute était permis, il m’a
précisé que c’était celui ou écrit « Humeau ». «
C’est moi, dis-je ! »… Bouffées de chaleur pour
celui qui n’avait pas fait le rapprochement…
Mais rires garantis pour tous deux !
Source Gilles Humeau |
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Escale à
Djibouti / 15 au 17 juin 2008 |
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19 juin 2008
En transit vers Toulon
Après une mission de longue durée qui l’aura conduit jusqu’au Japon,
le
Mistral est en route pour son port base de Toulon. Le 17
juin dernier, le Mistral a traversé le détroit de Bab el
Mandeb, escorté par la frégate type La Fayette
Surcouf .
Source Web - Marine Nationale |
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Mercredi 18 juin 2008
Grâce au vent qui a
faibli, nous avons continué notre route sans
encombres vers le golfe de Suez.
Le tiraillement
lancinant des bilans et comptes-rendus de fin
d’année nous a bien occupés. Néanmoins,
l’activité aéronautique fut bien appréciée par
les « Rapace » (c’est l’indicatif des Gazelle du
5ème RHC). Ainsi ont-ils effectué un vol de
reconnaissance maritime sur l’avant du Mistral
puis enchaîné sur des passes d’attaque contre le
bâtiment. Le rappel au poste de combat pour
riposter aux attaques en cours a donné lieu à de
belles manœuvres de contre, et favorisé
l’engagement de tous pour lutter contre des
impacts simulés de missiles. Cet après-midi,
davantage tournée vers l’entretien du bâtiment,
a fourni au capitaine de corvette de Cacqueray
l’occasion de fignoler sa technique de synthèse
de dossier, en vue du concours du collège
interarmées de défense qu’il passera à bord la
semaine prochaine. Mais surtout, la préparation
de « l’après mission » occupe de plus en plus
les esprits. Des travaux à prévoir aux
permissions qui se profilent, les marins d’un
jour ou de métier ont l’esprit tourné vers la
terre qui n’a jamais paru si proche. Il faut à
tous beaucoup d’efforts pour ne pas tomber dans
l’apathie, ce que les habitués des déploiements
lointains connaissent bien. Bien souvent,
l’énergie et le moral des membres d’équipage
baisse brièvement après deux semaines puis après
un mois d’absence. Vient ensuite une période
longue de relative indifférence sur la durée de
la mission. En revanche, le dernier mois est
toujours difficile et plus l’échéance du retour
approche, plus il faut d’énergie pour lutter
contre la lassitude et le repli sur soi. C’est
la raison pour laquelle les exercices
s’enchaînent y compris à une semaine du retour
pour continuer de rentabiliser le déploiement et
« occuper » les esprits.
Source Gilles Humeau |
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Jeudi 19 juin 2008
L’intérêt de naviguer
sur un bâtiment jeune réside surtout dans la
part d’expérimentations qui nous incombe.
Ainsi, le corpus
documentaire des BPC est-il toujours en
discussions, expérimentations et refontes.
C’était un peu le thème de la journée, et
spécialement dans deux domaines précis. La mise
en œuvre des hélicoptères a occupé la première
partie de la journée et donne lieu à une étude
de standardisation des procédures entre ce que
nous faisons, ce que pratique l’US Navy plus
habituée que nous à mettre en œuvre de nombreux
hélicoptères, et l’expérience acquise en France
à bord des portes-avions. Le fond du problème
vient de ce que notre tradition hélicoptériste
n’a jamais véritablement fait fonctionner des
bâtiments aux possibilités aussi étendues que
celles des Mistral et Tonnerre. Or, la
possibilité existe et selon un viel adage, « qui
peut le plus peut le moins » ! Parallèlement,
notre exercice sécurité matinal expérimentait la
lutte contre un sinistre industriel au poste de
mise en garde. Dans cette posture, la moitié de
l’équipage est en alerte pour mettre en œuvre
sans délais toutes les capacités d’action. C’est
vrai des manœuvriers, des artilleurs, des
aéronautes, mais également de la chaîne
sécurité. Ainsi, une bordée de pompiers
doit-elle être prête à intervenir sur un
sinistre. La question du jour consistait à
tester la plus-value d’une stratégie qui
consiste à diviser les forces en deux lieux
différents à bord. Pour tout vous dire, le
résultat n’a pas été à la hauteur de nos
espérances et demandera à être ciselé pour
élucider ce qui tient à la nouveauté mise en
place ou à la pertinence de la doctrine établie
pour un bâtiment comme le nôtre. Les discussions
allaient bon train entre spécialistes… Dans le
radier, loin de ces préoccupations assez
intellectuelles pour le moment, les petites
mains étaient à l’œuvre pour préparer
l’inspection de tranche de demain. Avec la
chaleur et l’humidité, le travail était pénible.
Vivement le retour en Méditerranée !
Source Gilles Humeau |
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Vendredi 20 juin 2008
Le Mistral poursuit son
petit bonhomme de chemin dans la mer Rouge.
Nous avons à présent
dépassé Djeddah et affinons notre vitesse de
progression pour franchir le détroit de Jubal
demain à l’aurore. Ce matin, comme d’habitude,
nos deux Gazelle ont effectué leur vol de
reconnaissance sur l’avant du PIM, tandis que
l’Alouette profitait du créneau ouvert pour
aguerrir l’enseigne de vaisseau Fromental avant
qu’il ne rejoigne la flottille 35F.
La passerelle et le central opérations ont égayé
le réseau de commandement du bord avec divers
incidents de parcours. Outre les informations
concernant les bâtiments militaires croisés,
nous avons également rencontré des navires de
commerce français se prêtant au « contrôle naval
volontaire ». Il s’agit d’un contrat passé avec
quelques compagnies françaises pour établir un
lien entre les navires militaires et civils
français qui se côtoient sur les mers du globe.
Généralement, ces rencontres se traduisent par
un échange d’informations nautiques sans
lendemain. Une fois pourtant, en 2006, un des
porte-conteneurs géants de la compagnie CMA-CGM,
basée à Marseille, avait eu recours aux services
du médecin du bord, lors de notre croisement à
deux heures du matin en mer Rouge, pour
diagnostiquer un malade dont on ne savait pas
s’il fallait l’évacuer ou non. Nous étions
naturellement prêts à l’accueillir, mais ce ne
fut pas nécessaire. Un exemple de la fraternité
des gens de mer !
Mais l’objectif principal de la journée était
surtout organique. Si les « cols blancs » ont eu
à cœur de produire une version aboutie du
rapport de mission, les plus jeunes ont mis
toute leur énergie pour l’entretien du bâtiment.
Ainsi, la matinée a permis au commandant et à
l’officier de détail d’inspecter le radier et
les locaux intérieurs attenants. La zone est
délicate car les mouvements y sont fréquents et
les causes de dégradations nombreuses. Les
véhicules y circulent, les CTM y demeurent, mais
surtout, l’air extérieur y pénètre sans
barrière, avec sa charge de chaleur et
d’humidité saline. Un vrai cauchemar à maintenir
en état…
Pendant ce temps et jusqu’à la nuit, le reste de
l’équipage a rincé les extérieurs. En effet,
depuis les trois jours de gros temps rencontrés
en mer d’Arabie, la coque et les superstructures
s’étaient couvertes d’une croûte de sel bientôt
jaunie par le Khamsin djiboutien. Vu
d’hélicoptère, en éclairage rasant, le Mistral
paraissait ainsi plus jaune que gris !
Ce soir, tous les endroits accessibles ont
retrouvé un aspect plus naturel, mais il faudra
sans doute recommencer dès note arrivée à
Toulon.
Pour terminer la journée, un exercice de lutte
contre des hélicoptères assaillants aux
intentions peu claires (…) a occupé le début de
la nuit, juste après un entraînement à la
récupération d’homme à la mer. Quand je vous dis
que les journées sont denses…
Source Gilles Humeau |
|
Samedi 21 juin 2008
Le Mistral poursuit son
petit bonhomme de chemin dans la mer Rouge.
Nous avons à présent
dépassé Djeddah et affinons notre vitesse de
progression pour franchir le détroit de Jubal
demain à l’aurore. Ce matin, comme d’habitude,
nos deux Gazelle ont effectué leur vol de
reconnaissance sur l’avant du PIM, tandis que
l’Alouette profitait du créneau ouvert pour
aguerrir l’enseigne de vaisseau Fromental avant
qu’il ne rejoigne la flottille 35F.
La passerelle et le central opérations ont égayé
le réseau de commandement du bord avec divers
incidents de parcours. Outre les informations
concernant les bâtiments militaires croisés,
nous avons également rencontré des navires de
commerce français se prêtant au « contrôle naval
volontaire ». Il s’agit d’un contrat passé avec
quelques compagnies françaises pour établir un
lien entre les navires militaires et civils
français qui se côtoient sur les mers du globe.
Généralement, ces rencontres se traduisent par
un échange d’informations nautiques sans
lendemain. Une fois pourtant, en 2006, un des
porte-conteneurs géants de la compagnie CMA-CGM,
basée à Marseille, avait eu recours aux services
du médecin du bord, lors de notre croisement à
deux heures du matin en mer Rouge, pour
diagnostiquer un malade dont on ne savait pas
s’il fallait l’évacuer ou non. Nous étions
naturellement prêts à l’accueillir, mais ce ne
fut pas nécessaire. Un exemple de la fraternité
des gens de mer !
Mais l’objectif principal de la journée était
surtout organique. Si les « cols blancs » ont eu
à cœur de produire une version aboutie du
rapport de mission, les plus jeunes ont mis
toute leur énergie pour l’entretien du bâtiment.
Ainsi, la matinée a permis au commandant et à
l’officier de détail d’inspecter le radier et
les locaux intérieurs attenants. La zone est
délicate car les mouvements y sont fréquents et
les causes de dégradations nombreuses. Les
véhicules y circulent, les CTM y demeurent, mais
surtout, l’air extérieur y pénètre sans
barrière, avec sa charge de chaleur et
d’humidité saline. Un vrai cauchemar à maintenir
en état…
Pendant ce temps et jusqu’à la nuit, le reste de
l’équipage a rincé les extérieurs. En effet,
depuis les trois jours de gros temps rencontrés
en mer d’Arabie, la coque et les superstructures
s’étaient couvertes d’une croûte de sel bientôt
jaunie par le Khamsin djiboutien. Vu
d’hélicoptère, en éclairage rasant, le Mistral
paraissait ainsi plus jaune que gris !
Ce soir, tous les endroits accessibles ont
retrouvé un aspect plus naturel, mais il faudra
sans doute recommencer dès note arrivée à
Toulon.
Pour terminer la journée, un exercice de lutte
contre des hélicoptères assaillants aux
intentions peu claires (…) a occupé le début de
la nuit, juste après un entraînement à la
récupération d’homme à la mer. Quand je vous dis
que les journées sont denses…
Source Gilles Humeau |
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Dimanche 22 juin 2008
Le téléphone a sonné à
3h30 ce matin pour annoncer l’embarquement du
pilote de Suez cinq minutes plus tôt.
Nous avions parié sur un
appareillage vers cinq heures, mais la société
du canal est décidément imprévisible…
Alors en catimini pour économiser le personnel
non indispensable, le Mistral s’est glissé entre
les zones de mouillage pour prendre la première
place du convoi. Nous avons embouqué le canal
peu avant six heures, au moment du lever du
soleil. Comme de coutume, les privilégiés ont
contemplé l’éclairage délicieusement violacé qui
faisait ressortir la mosquée donnant sur le
port.
Au même instant, une demi-douzaine de fous
s’échauffait en tenue de sport sur le pont
d’envol pour tenter de relever le défi sportif
consistant à parcourir autant de kilomètres en
relais que le bâtiment dans le canal. 162 km à
parcourir en 10 heures ! Sous la houlette du
maître Guillet, les participants s’étaient
inscrits pour une heure d’effort, commandant en
tête pour ouvrir le bal.
Toute la journée, les relais se sont enchaînés,
les tactiques ont varié pour gagner le Mistral
de vitesse. Finalement, la plus performante
consistait à enchaîner les sprints d’un seul
tour. Pendant ces 400 mètres, chacun se donnait
à fond pour refaire une partie du retard
accumulé pendant les premières heures.
A mi parcours, quelques petits kilomètres de
retard agissaient encore comme des aiguillons
pour stimuler l’ardeur des coureurs harassés par
un soleil de plomb. Les volontaires, appelés
nombreux à la rescousse ont répondu aux
encouragements du chef du quart et ce sont plus
de 90 membres d’équipage qui ont ainsi parcouru
161 kilomètres 600 dans les dix heures
imparties… Dommage !
Alors pour conjurer le sort et mettre en exergue
que le vrai défi consistait à entretenir la
cohésion de l’équipage autour d’un projet
sportif, tous les participants m’ont suivi pour
un dernier tour de pont… Un souvenir inoubliable
!
A ce moment, nous avions pratiquement retrouvé
la Méditerranée et je peux vous dire que
l’ambiance à bord était euphorique.
Pour conclure la journée, après des vols
d’hélicoptères, les officiers mariniers avaient
organisé une soirée de fête au carré, fort
sympathique m’a-t-on dit.
Source Gilles Humeau |
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Lundi 23 juin 2008
Après la folle journée
d’hier, le service du dimanche accordé par le
commandant adjoint équipage était bienvenu.
Le Mistral est donc
resté calme ce matin, à l’exception notable des
bureaux de quelques « ronds de cuir » galonnés
aux prises avec les inévitables rapports que
l’époque exige. Bien entendu, le rapport de
mission accapare les officiers en charge de la
rédaction des différents chapitres. La
difficulté consiste surtout à sélectionner les
idées importantes à transmettre, sans lasser les
lecteurs ! Les plus en avance ont par ailleurs
déjà entamé le rapport de fin de commandement
qui procède du même esprit pour la période
s’étendant de septembre 2006 à cet été.
Pendant ce temps, les sportifs les moins
ankylosés ont repris l’entraînement, sur l’un
des terrains de badminton ou plus simplement
autour du pont d’envol libéré pour la journée.
Dans le hangar enfin, le secteur vivres,
augmenté de quelques figures de l’équipage,
préparait le barbecue de fin de déploiement. Un
esprit très convivial pour un repas d’exception,
composé de langoustes grillées, de brochettes de
bœuf savoureuses et de simples pommes de terre
en papillotes… Au dessert, un far breton a
rassasié les plus affamés.
Et pour finir la journée, le médecin a profité
de l’occasion d’avoir tout l’équipage réuni pour
remettre les derniers trophées des concours
organisés à bord. A tout Seigneur, tout honneur,
le commandant en second a reçu son cadeau de la
persévérance pour le dernier tournoi de
badminton, la 35F a récolté les fruits de ses
superbes photos aériennes tandis que le maître
Perrin Terrain gagnait la catégorie « hommes et
femmes du Mistral » avec un joli portrait en
noir et blanc. Le GIR s’est quant à lui partagé
la vedette sportive avec les équipiers de pont
d’envol, imbattables au football.
Pour l’occasion, la coopérative avait déniché
des lots superbes composés de parapluies
singapouriens, de kimonos soyeux, d’ appareils
photos jetables à utiliser rapidement cet été,
de sacs à dos bien pratiques ou de vénérables
souvenirs historiques de l’opération Baliste !
Source Gilles Humeau |
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Mardi 24 juin 2008
Le Mistral semblait
aujourd’hui tout guilleret d’avoir retrouvé la
Méditerranée dans des eaux connues au Sud de la
Crête.
Les pods gagnaient
imperceptiblement quelques dixièmes de nœuds
pour hâter notre retour, et faire monter les
enchères du pari sur niveau des soutes à gazole
en arrivant à Toulon. Pour ma part, je mise sur
100% !
L’activité n’a pas faibli à bord, surtout sur le
pont d’envol avec l’expérimentation de nouveaux
spots de mise en œuvre des hélicoptères. Nos
Gazelle se sont également initiées aux
procédures discrètes de circulation aérienne,
alors que les représentants du personnel étaient
réunis pour une commission participative d’unité
consacrée aux dernières déclarations sur le
livre blanc rénovant le monde militaire.
En début d’après-midi, le commandant de
Cacqueray a débuté les épreuves d’admission au
concours du collège interarmées de défense par
une réflexion sur le « principe de précaution ».
Pendant ce temps, les fusiliers entretenaient
leur adresse au tir sur une cible remorquée dans
le sillage.
Pour les plus jeunes d’entre nous, la journée
était festive puisque les cuisiniers avaient
organisé un déjeuner amélioré à la cafétéria. Le
soir encore, un pot sympathique au bar équipage
a donné lieu à de beaux éclats de rire autour de
pizzas savoureuses.
Source Gilles Humeau |
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Mercredi 25 juin 2008
Notre retour vers la
métropole s’est poursuivi à la faveur d’un temps
estival mais très supportable, tant le fond de
l’air était agréable en mer.
Nous avons découvert la
terre dans la matinée à l’approche du détroit de
Messine avec un panorama superbe sur l’Etna en
irruption. Le nuage de fumées et de cendres
couvrant le volcan était magnifique. Plus loin,
le paysage italien avait un air « européen »
bien différent de ce que nous avons connu depuis
quatre mois et demi. La douceur des collines
siciliennes nous est apparue bien familière et
très agréable.
Les hélicoptères s’en sont donné à cœur joie
lors d’une navigation au dessus de l’île dont
quelques privilégiés ont eu la chance de
profiter. Cet après-midi, ils étaient encore à
l’affût des belles criques bordant les îles
Eoliennes dont le Stromboli fait partie.
Naturellement, nous avons rappelé selon la
tradition la « corvée de câble » au profit des
néophytes crédules pour soulever le fameux filin
reliant autrefois la Sicile au continent. Tout
le monde était paré, harnaché et vêtu de cirés
de circonstances, les gaffes à portée de main,
pour le plus grand plaisir des spectateurs et la
relative déconvenue des élus…Figurez-vous que le
câbles est à présent sous-marin…
Le franchissement s’est déroulé sans encombres
et nous avons même pu admirer l’un de ces
bateaux de pêche à l’espadon caractérisés par un
mât gigantesque surmonté d’une vigie d’où les
veilleurs traquent leurs proies. Sur l’avant de
l’esquif, un « bout dehors » au moins aussi long
que la coque permet au harponneur de piquer le
poisson ensuite récupéré par le reste de
l’équipage.
Ce soir, les traditions étaient encore à
l’honneur puisque les nouveaux promus étaient
conviés à « passer à la trappe » chez les
officiers mariniers et les officiers mariniers
supérieurs. 4 mascottes s’étaient ainsi
déguisées, comme la secrétaire du commandant, le
second-maître Malbeck en tenue de fleur
aguichante par son écriteau « je suis une fleur,
arrosez-moi ! ». Je vous prie de croire qu’elle
a été exaucée…
Et puis, pendant que le COMAEQ finissait les
épreuves d’admissibilité au CID, nous nous
sommes réjouis avec le capitaine de corvette
Tillier, heureux papa d’un petit Jérémy qui
accueillera son papa avec trois semaines
d’avance.
La mer Thyrénéenne nous berce à présent, en
route au nord-ouest vers les bouches de
Bonifacio, mais ce sera pour demain.
Source Gilles Humeau |
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Jeudi 26 juin 2008
A la veille de rentrer à
Toulon le thème encadrant la journée aura été
celui du rangement et de la propreté afin de
permettre aux familles de se retrouver au plus
tôt demain matin.
Le Mistral a ainsi été
rincé, brossé, briqué par des équipes motivées
pendant que les commandants adjoints
s’évertuaient à fignoler le rapport de fin de
mission que j’ai demandé à signer avant
l’accostage.
Dans l’après-midi, l’affluence à la passerelle a
bien augmenté pour le franchissement des bouches
de Bonifacio alors que les hélicoptères
redécouvraient le plaisir de voler en France,
sans autorisation nécessaire, et qui plus est
dans un cadre somptueux qui a beaucoup plu à
l’enseigne de vaisseau Simeoni dont j’avais pris
soin de « briefer » son chef de bord pour qu’il
ne descende pas en chemin…
Après un dernier exercice d’homme à la mer et
d’avarie de barre simultanée, la soirée a été
marquée au carré commandant par un dîner
surprise. Les maîtres d’hôtel cherchaient
désespérément à connaître le nom de deux des
invités lorsque je les ai conviés à s’asseoir
pour déguster avec nous les excellentes crêpes
qui ont réjoui les bretons… Que de rires et de
bonnes histoires qui resteront longtemps
secrètes, discrétion professionnelle oblige !
Enfin, pour couronner la journée, nous avons
reçu ce soir le message d’admission de notre
poulain à l’école navale. Ainsi, le second
maître, pardon, l’élève Guitteau nous quittera
demain pour rejoindre le Poulmic avec un
excellent rang d’intégration. Tout le monde en
est fier, il l’a bien mérité !
Source Gilles Humeau |
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Vendredi 27 juin 2008
Dernier jour de mer
avant Toulon qui a démarré en klaxon et sirènes
à deux heures du matin par une alarme incendie
en boulangerie.
Le feu a été maîtrisé en
un temps record grâce à la présence d’esprit du
boulanger, à l’œuvre pour préparer cookies et
croissants. L’intervention a duré moins de dix
minutes, mais elle aura démontré à tous qu’il
faut rester vigilant jusqu’au bout. < br/> Ce
matin, les aéronautes ont ouvert le bal des «
desserrements » et quitté le bord avant huit
heures, alors que nous nous engagions dans la
rade des Vignettes le long des plages du
Mourillon. Bientôt, les CTM ont également pris
leur essor afin de permettre au Mistral de
franchir les passes. Grâce à Dieu, notre
météorologiste décidément peu chanceux, mais qui
s’en plaindra, n’a pas trouvé trace des 30 km/h
de vent promis.
J’ai eu le plaisir d’accoster le Mistral une
dernière fois, sous le regard attentif du
commandant Piaton qui effectuera le prochain
appareillage et avait organisé un buffet de
bienvenue à votre profit.
Il était accompagné des représentants de la base
navale et de l’état major d’ALFAN venus
gentiment, mais discrètement nous accueillir sur
le quai.
Non loin d’eux, l’arrivée de quelques familles a
clôturé notre déploiement exceptionnel sur une
note douce de retrouvailles, au son des rires
d’enfants partout dans le bord. Les femmes,
maris, amis et parents peuvent être légitimement
fiers de leurs marins. Je peux vous dire que
j’ai eu plaisir à jouir du privilège de les
commander pendant deux ans.
Merci à vous aussi de m’avoir soutenu dans la
rédaction de ce journal de bord, bonnes
retrouvailles et bonnes vacances à ceux qui en
prendront. Je vais à présent rejoindre votre
groupe de lecteurs, mais peut-être aurons-nous
le plaisir de nous retrouver les 16 et 17
juillet pour une exposition des peintures et
photos réalisées pendant Gavial 08.
Capitaine de vaisseau Gilles Humeau
Commandant le BPC Mistral
Retour à Toulon / Fin Mission
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